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Griffes et crocs, Rituel

Ma Muse est un triton, et la votre ?

Certains auteurs possèdent une manie étrange, celle de « personnifier » leur inspiration afin de lui inventer une apparence et un caractère. Une habitude sans doute pas si étonnante, pour des artistes habitués à cohabiter dans leur tête avec de nombreux personnages. Je vous parlerai dans un prochain article de cette géniale et horripilante indépendance que prennent parfois nos héros lors de l’écriture. Mais revenons-en à notre allégorie de l’inspiration : je vous présente « Muse ».

Dessin de triton

Qu’est-ce que l’inspiration ? Certains disent qu’il ne faut pas la forcer et n’écrire que lorsqu’elle vient, d’autres qu’elle vient en écrivant et que c’est le travail qui l’appelle et la « dompte ». Mais qu’on lui obéisse ou qu’on la tire de son trou à coup de pied au cul, l’inspiration est au mieux inconstante. À force de la côtoyer, on finit par apprendre à la connaitre, à l’apprivoiser, comme on le ferait d’un animal au caractère bien trempé. C’est ainsi que naissent les rituels et les routines d’écriture qui permettent à certains de faire venir Muse lorsqu’elle est planquée au fond de son trou.

Nocturne, diurne, créature d’habitudes ou de changement, solitaire ou qui s’épanouit dans les cafés, qui se réveille sous la douche et la pluie ou qui se met à brûler sans raison comme un incendie, celle que nous appelons Muse est différente pour chacun d’entre nous. Et de ses caractéristiques, il n’est pas rare que lui donnions une forme et une personnalité. Peut-être à cause de cette impression qu’elle n’en fait si souvent qu’à sa tête, nous devons la séparer de nous-même pour conserver un minimum de bien-être mental.

Muse est notre alliée, notre flamme, notre divinité ? Et comme bien des divinités, elle peut se montrer sacrément contrariante. Qui n’a jamais ressenti le besoin impérieux de mettre au placard un roman presque terminé pour se lancer dans la seconde sur un tout nouveau projet ? Qui n’a jamais eu les doigts qui le démangeaient d’écrire en plein repas familial ou pendant qu’il conduisait ? Qui au contraire ne s’est pas retrouvé vide et désoeuvré devant son fichier alors que les idées l’empêchaient de dormir la nuit précédente ? Pour ne pas nous dire que nous nous infligeons cela à nous-même, il nous faut bien un coupable ! Et ce coupable, nous pouvons le visualiser, l’engueuler, l’attraper par la peau du cou pour le secouer, et parfois il boude, se cache et nous nargue…

Alors cette Muse, nous l’observons comme on étudierait un animal, pour tenter de trouver ce qui l’attire, de connaître ses horaires d’activité, de savoir ce qui lui fait peur et comment la tirer de sa cachette. La mienne ? Elle boude dans son terrarium pendant que je vous parle. Mais c’est normal. Elle a mauvais caractère et elle n’aime pas trop les gens.

Ma créature aquatique se réveille systématiquement sous la douche (mais pas toujours sur le bon projet, sinon ce ne serait pas drôle), mais aussi sous la pluie et en bord de rivière. Je lui ai demandé si elle était une sirène, elle m’a répondu « je suis pas une fille » et elle est partie bouder. Ah.

Depuis, je l’imagine comme un gros triton amorphe qui me regarde de son oeil torve depuis le rocher qui lui sert de planque. Ne vous méprenez pas, mon triton est très actif. Surtout quand il faut traumatiser des personnages ou quand j’essaye de dormir. Bref, Muse est un connard. Mais j’ai l’esprit de contradiction, alors je l’aime bien quand même. D’ailleurs, je l’ai rencontrée cette semaine sur la terrasse de chez mes parents. En vrai. Si si. J’ai même la preuve en image, regardez !Salamandre

Bon, il est un peu endormi là, ça doit être l’hibernation. Il faut dire que ce n’est pas évident d’écrire en ce moment, entre le boulot et les vacances mises à profit pour socialiser avec les proches que je ne vois qu’une ou deux fois par an. Alors, je vais le laisser dormir encore un peu, au moins jusqu’à la semaine prochaine. Ensuite, un seau d’eau sur la tête et on se remet au travail. J’ai un tome 2 à réécrire (après 8 mois de galère à tourner en rond autour en me demandant par quel fil le démêler). T’en fais pas mon Triton, tu ne vas pas t’ennuyer.

Salamandre

Et vous, à quoi ressemble votre Muse ? Venez me le dire en commentaire, on va ouvrir une ménagerie !

10 réflexions au sujet de “Ma Muse est un triton, et la votre ?”

  1. Ta muse est trop chou !
    La mienne est une vague qui balance des idées en vrac sur la grève et attend que je me débrouille avec et fasse le tri. \o/ Elle fonctionne mieux à proximité de l’océan.

  2. Ma Muse est un chat, évidemment. Elle ne se manifeste que quand elle le veut, sur le projet qu’elle veut, réclame toute mon attention avant de s’éloigner, toute digne et fluffy pour retourner à son occupation favorite: dormir !

  3. Ma Muse est un vampire au genre indéterminé et accro au sucre. Elle lève une paupière à 21h, remue à 22h, atteint sa vitesse de croisière à 23h, et me force à rester réveillée jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite (soit 1h du matin). Parfois, elle tourne en rond dans ma tête toute la nuit, de concert avec l’autre Cerveau, ce qui fait que je dors pas avant 5h du mat’. Pour la dompter (ou essayer, du moins), il faut du chocolat et des bonbons. Ça tombe bien, c’est mon régime alimentaire de base. Toute tentative de chantage ou négociation est généralement voué à l’échec.

  4. Super comme article! La mienne est un petit singe électrique, rapide comme la foudre, à m’envoyer ses fèces dans la tête si je ne l’écoute pas et à jeter des pluies de pierres sur les léopards qui essaieraient de la bouffer…

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