Vieux livres sur une étagère.
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Extrait « Painful Hunt »

Je me suis fait disputer parce qu’il parait que les extraits que je mets sur mon site sont trop courts. Du coup, je vous propose un vrai extrait de mon texte en cours d’écriture : « Painful Hunt ». Il s’agit du tome 1.5 de ma série prison (le spin off qui se concentre sur le maton Black Mamba, personnage secondaire de Prison Putsh).

Je précise que ça parle d’escalade 😉

« Je fais descendre Anthony du vertical que je viens de lui faire grimper pour la sixième fois. Il commence à être technique, à ne plus faire porter tout le poids sur ses bras et à réfléchir avant de monter. C’est bien. S’il continue, ça va nous faire un petit pool avec un niveau intéressant dans ce groupe. Il met le pied à terre, me jette un coup d’œil malicieux.
— À toi !
Je lâche un sourire.
— Essaye pas de te défiler, c’est toi qu’on entraîne.
Il cligne des yeux, les lèvres plissées dans une moue exagérée.
— Allez ! Le cours est presque fini et tu l’as passé à nous faire bosser. C’est notre tour de rigoler un peu.
S’il le prend comme ça… je jette un coup d’œil aux pistes sans pouvoir cacher une pointe d’envie. Parce que même si j’adore enseigner, je ne grimpe plus autant que je le voudrais.
— OK, quel mur ?
— Le dévers !
Ouais, carrément. J’observe le mur puis reviens au petit jeune avec un sourire en coin.
— Quel handicap ?
Il écarquille les yeux, fixe la piste, revient sur moi. Ouais, j’ai conscience d’être prétentieux sur ce coup-là. Mais… bah. Il faut bien s’amuser de temps en temps. Au pire, je décroche et ça fera marrer tout le monde. Je jette un regard vers les vestiaires où Ellioth a disparu depuis une bonne quarantaine de minutes, après trois montées, et le trouve assis sur une chaise en train de nous observer. Anthony en profite pour m’indiquer que je dois grimper sans les rouges. J’ouvre la bouche, ramène mon attention sur le mur. Motherfucker ! C’est les seules prises avec accroche ! Je prends une inspiration et tente d’oublier la présence de l’observateur silencieux derrière moi. Je ne vais pas me défiler maintenant.
Je recule d’un pas, observe le dévers. Je peux passer par la droite, sur la succession de vertes et de jaunes. Puis traverser vers la gauche et là… ça coince. Il y a bien une prise juste après l’angle, mais c’est une deux doigts et elle est trop haute pour moi. Je vais devoir sauter. Ce qui veut dire que j’ai intérêt à caser mon pied sur la jaune en dessous sinon je me vautre. Bon, il y a qu’un moyen de savoir si j’en suis capable.
Je m’attache, vérifie d’un coup d’œil qu’Anthony m’assure correctement et me lance. Je passe rapidement la première partie, négocie la traversée avec juste ce qu’il faut de prudence, équilibré sur mes membres pour ne pas laisser l’un d’eux se crisper. Puis j’arrive au point technique. J’hésite une seconde, aussi collé à la paroi que je le peux. Pas le temps de réfléchir, mes doigts commencent déjà à brûler. Je fléchis les membres, prends le peu d’élan que permet ma position et me propulse vers le haut. Le bout de mes doigts agrippe la prise. Mon pied racle le mur, cherche la jaune. Je glisse. Mes ongles raclent la prise et je tombe, juste un instant, avant d’être rattrapé par le harnais. Shiiitttttttttt !
Je lâche un soupir dépité et me laisse aller en arrière, suspendu dans le vide. Des éclats de rire et des sifflements moqueurs montent jusqu’à moi et je leur fais un doigt sans aucun remords. Qu’ils tentent, si ça les éclate ! Je jette un regard rancunier au mur. Je ressaye à la première occasion. Bon, de préférence quand Ellioth n’aura plus les yeux rivés sur moi, quand même. Je croise un instant ses yeux sombres et son petit sourire en coin avant de mettre pied à terre et d’être accueilli par le groupe à coup de tapes sur l’épaule. C’est ça les gars, foutez-vous de ma gueule. Aujourd’hui, c’est gratuit !
Je me dépêche de les envoyer au vestiaire pendant que je range le matos avec Xavier. Ellioth nous rejoint, déjà rhabillé, et récupère les harnais pour aller les accrocher dans la réserve. Il revient, me frôle en passant derrière moi pour attraper les rouleaux de corde que lui tend Xavier. Et ce simple effleurement suffit à me tirer un frisson. Je ne sais pas s’il s’en rend compte, mais il se penche par dessus mon épaule et me murmure : « Jolie chute ! ». Je lâche un souffle faussement agacé, mais n’arrive pas à retenir un sourire.
— Moqueur !
Il m’adresse un clin d’eil et retourne à la réserve. Quand il revient, c’est moi qui tiens un rouleau de cordes. Je lui tends, mais les retiens d’un geste alors qu’il les attrape pour les emporter. J’accroche ses yeux noirs, hausse un sourcil. Il lève les yeux au ciel, mais balance de bonne grâce.
— D’accord. J’en connais pas beaucoup qui l’auraient réussi.
— Tu en connais quand même.
Son visage se referme sans prévenir. J’ai juste le temps de percevoir une pointe de tristesse que tout disparaît. Shit ! Je lâche les cordes, gêné de ce que j’ai fait ressurgir sans le vouloir. Il croise mon regard, lève les yeux sur le mur qui nous surplombe. Sa réponse est presque un murmure.
— Moi, il y a huit ans.
— Désolé.
Il revient sur moi, et je le vois forcer un sourire. Et c’est peut-être pire que son visage fermé.
— Va te changer avant de te retrouver enfermé ici. Je termine.
Je regarde autour de moi, réalise que Xavier a disparu à un moment de notre échange sans que je m’en rende compte. Je reviens une seconde sur Ellioth, hésite. Mais je veux pas qu’il se barre pendant que je serais sous la douche. Pas comme ça.
— On les suit au bar ?
Je vois l’hésitation sur ses traits, un instant, puis elle disparaît aussi.
— Tu me ramènes après ?
Je lui réponds d’un grand sourire. Oh yeah, carrément que je le ramène après !  »

Painful Hunt, chapitre 6

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