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Les sous genres du « punk » et moi.

Le mouvement et les genres punks

Si le mouvement punk a commencé comme un genre musical, artistique et esthétique, on en retient aussi et surtout un mouvement social contestataire et radical qui a pris le pas sur le mouvement hippie. Dans la continuité de ce mouvement, les genres littéraires associés au punk sont des genres basés à la fois sur une esthétique particulière et reconnaissable, et sur une critique sociale de la période contemporaine. On y retrouve notamment un regard acerbe sur l’industrialisation, le capitalisme et la course au progrès ; le tout balayant une large période depuis la révolution industrielle incarnée par le Londres des années 1800, jusqu’aux univers futuristes dominés par des lobbys pharmaceutiques et la course médicale au bonheur artificiel et à la longévité à tout prix (mais seulement pour les riches).

Les sous-genres du punk : une esthétique qui marque ?

Les esthétiques des genres punks sont très marquées. C’est ce qui donne « une patte punk » à ces genres et ce qui les rend reconnaissables. Et si un texte avec l’esthétique mais sans le message social ne serait pas un vrai punk, un texte avec le message et sans l’esthétique peut rentrer dans tout un tas d’autres genres qui ne se gênent pas non plus pour critiquer la société, comme notamment la dystopie. Donc, oui. Si l’esthétique n’est pas suffisante pour qualifier le genre, elle est nécessaire pour en faire partie.

Le steampunk est le premier de ces genres, il revisite l’époque de la révolution industrielle londonienne : époque victorienne, smog, technologie parfois avancée mais toujours basée sur le charbon et la vapeur, personnages historiques tels Jack l’Éventreur, Ada Lovelace ou les lignées royales d’Angleterre… c’est un genre que j’admire pour son inventivité, mais c’est loin d’être celui qui me parle le plus.

Image par Vicki Hamilton de Pixabay (généré par IA)

À la suite du Steampunk, toute une myriade de genres littéraires « punk » s’est développée. Les prérequis n’ont pas changé : technologie + esthétique + message social contestataire. Et là… j’ai beaucoup plus trouvé ma came. L’esthétique du manga Gunnm m’a scotchée, même si je n’ai lu que les premiers tomes. J’ai encore en tête, moi qui aie une mémoire visuelle aux fraises, la case où il trouve la cyborg démantibulée au milieu d’une décharge. Plus tard, j’ai découvert Ghost in the Shell, Coboye Beebop et bien d’autres… et la thématique de la fusion homme/machine est quelque chose qui résonne très fort chez moi. Mais sans doute encore plus que ça, j’aime l’esthétique très sombre du Cyberpunk : citadine, basée sur les lumières néon, les immeubles délabrés, les rues étroites et crasseuses. On y retrouve de la drogue, des firmes pharmaceutiques toutes puissantes, des robots, des objets ultra-connectés, des humains modifiés pour le pire et le meilleur (selon leur niveau social). Les scènes nocturnes et pluvieuses sont légion pour accentuer cette sensation d’enfermement et de désespoir et ça fait intégralement partie des repères visuels classiques du genre !

Ville déserte de nuit, immeubles hauts délabrés, vieux panneaux lumineux.
Image par MenielDM de Pixabay

Autre sous-genre, mais ambiance un peu similaire, la série fétiche de mon adolescence est un Biopunk. Dark Angel, série TV de la trilogie du samedi qui n’a vu que deux saisons est une œuvre qui explore les modifications génétiques comme « objet technologique » (des super soldats, quoi). Et je crois que vous commencez à me connaître : j’aime travailler sur les combattants, sur l’éducation, sur le trauma, sur la différence et sur les univers post-apo… le Biopunk est un terreau infini pour ce genre d’histoires.

Et bien sûr… je ne peux oublier Mad Max et ses suites qui m’ont fait découvrir le Dieselpunk et dont, encore une fois, l’esthétique m’a éblouie (Mad Max Fury Road est un chef-d’œuvre de ce point de vue, clairement).

Mon rapport aux punks ?

Il est pourtant assez étrange que j’aime tant les genres punks. Mon copain a d’ailleurs hésité avant de me montrer Coboye Beebop, parce que ça lui paraissait trop déjanté pour moi. Et en théorie, il avait raison. Si certains punks sont marqués par le réalisme de leur technologie, il y en a beaucoup qui ont des univers un peu loufoques et fantasques, de l’humour, des esthétiques très saturées et outrancières. Tout est là pour me sortir de ma zone de confort. Et pourtant… souvent, j’aime ça. Peut-être aussi parce que l’esthétique punk est libératrice. Dans un punk, on sait que le sens du texte ou du film est ailleurs : dans la colère envers le monde. Et ce mélange de colère, de douleur et de désespoir est mâtiné de couleurs néons et d’humour dark qui permettent de respirer. Cette même radicalité dans un univers trop sérieux serait sans doute beaucoup trop lourde à porter.

Et au final, les genres punk sont pour moi une immense source d’inspiration. Ce sont mes punks favoris, qui m’ont inspiré la plupart de mes textes. Nuits Blanches est directement né de cette case du manga Gunnm. Habemus Papam se veut proche, esthétiquement, des Mad Max avec cette proximité du désert, cette poussière ocre et ces véhicules motorisés. Brisés reprend les thématiques de Dark Angel. Malgré ça, j’hésite toujours à clairement énoncer mes romans comme des punks. Celui qui entre le plus franchement dans le genre est sans doute Nuits Blanches. Pourtant… j’ai toujours un doute. Le message social y est. Mais suis-je assez marquée, assez reconnaissable dans mon esthétique et ma cohérence technologique pour entrer dans ce genre ? Les thèmes sont-ils assez forts, assez présents, assez radicaux ? Le questionnement est sans doute encore plus fort pour Habemus Papam où, finalement, on croise à peine le pétrole et il n’y pas cette course aux ressources. Enfin si, mais la ressource en question est l’eau bénite, donc… très loin des thématiques punks habituelles.

Alors, comme beaucoup de ce que je fais, je crois que mes romans sont à la croisée des chemins : inspirés par les punks sans vraiment y entrer. Et je ne sais pas si c’est parce que je n’y arrive pas, parce que je n’assume pas, ou parce que je n’en ai pas complètement envie. Sans doute les deux premiers, en réalité. La bonne nouvelle, c’est que ça me laisse de la marge pour progresser et avancer.

Parce que le punk… c’est un courant qui me parle dans son sens profond. Ce n’est pas une esthétique néon, une coupe iroquoise ou des clous sur une veste. C’est d’abord et avant tout une question d’écart à la norme. Cette esthétique outrancière est aussi là pour montrer et assumer cette différence. Le punk est anti-capitaliste, anti-cishétéronormatif, anarchiste. Il ne se reconnaît pas dans le monde actuel et le montre par des coupes et des couleurs de cheveux qui flashent, un style vestimentaire agressif, des handicaps affichés au grand jour, des piercings et des tatouages visibles. On retrouve parfois ce type d’expression chez des membres des communautés LGBT, handi et fol, justement pour ces raisons. Je pense qu’une partie d’entre nous partage cette volonté de montrer que nous ne rentrons pas dans votre monde, que nous ne nous y sentons pas bien et que nous n’en acceptons pas les dogmes. Et c’est aussi quelque chose que je voudrais pouvoir dire dans mes livres.

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