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Création de personnage : Black Mamba

J’avais envie de partager avec vous la création de certains de mes personnages, afin de vous expliquer comment ils me sont venus, pourquoi j’ai fait certains choix les concernant (ou parfois, pourquoi ils m’ont imposés certains choix). Je vais donc commencer avec le personnage que je travaille actuellement, peut-être parce que le pauvre cumule vraiment en ce qui concerne les minorités !

Attention, cet article contient des spoilers sur mon texte en cours d’écriture : Painful Hunt. Si vous voulez garder la surprise, n’allez pas plus loin !

Un personnage secondaire trop intriguant

Il faut tout d’abord savoir que Mamba a commencé sa « vie » en tant que personnage secondaire sur le roman « Prison Putsh ». Au début, je ne savais que trois choses sur lui : il était gardien de prison, noir et faisait peur.

Première chose, pourquoi avoir décidé que Black Mamba serait noir ? Tout simplement parce que je cherchais des personnages secondaires avec des caractéristiques faciles à retenir et qui se distinguent les uns des autres sans que j’ai besoin de creuser très profondément (parce que c’était des persos secondaires… à la base). Et puis, je ne voyais pas pourquoi mes persos noirs sur ce roman seraient tous du même côté des barreaux (parce oui, il y a des noirs parmi les taulards).

Mamba m’a tout de suite intrigué parce qu’il avait une certaine réputation auprès des détenus. Celle d’un maton dur, froid, parfois effrayant alors qu’il ne faisait jamais preuve de cruauté. Et cet espèce que masque qu’il porte lorsqu’il travaille l’a rendu fascinant, parce que je n’imaginais pas qu’il puisse être comme ça dans la vie de tous les jours. Ainsi, lorsque j’ai eu besoin d’un perso de maton à développer pour accompagner mon héro, c’est lui qui s’est imposé.

Des caractéristiques qui se dévoilent

Quand un perso m’intrigue, je finis toujours pas m’interroger sur son orientation sexuelle (on ne se refait pas). Pour Mamba, la première réponse a été pansexuel, mais elle me paraissait fausse ou incomplète. J’ai compris pourquoi quand j’ai réalisé pourquoi il ne regardait jamais les détenus : Mamba est asexuel.

Le reste est venu d’une nécessité du scénario, j’avais besoin qu’il ait une faille exploitable. La plus simple, pour moi, était de le rendre addict à une substance. Mais comme les personnages ne se laissent pas imposer si facilement des caractéristiques qui ne leurs correspondent pas, il y avait un os. Je ne comprenais pas pourquoi il était addict. Pourquoi il avait commencé, en somme. Et cette réponse est celle qui a éclairé tout le reste du personnage.

 

Mamba
Image pinterest

Cette image a été trouvée sur le net, mais je l’ai gardée car elle correspond vraiment bien à l’image que je me fais de Mamba, en peut-être un peu trop jeune (Mamba a 28 ans dans ce texte).

Un handicap invisible : la fibromyalgie

Comme je le disais plus haut, à l’origine, la fibromyalgie de Mamba m’a été imposée par la nécessité de lui créer une faille exploitable : une consommation d’oxycontin lié à des douleurs chroniques. Mais je dois avouer que l’idée de travailler sur cette maladie m’a rapidement séduite.

Je ne connaissais pas la fibromyalgie avant de faire des recherches pour trouver de quoi Mamba souffrait. Mes impératifs : une maladie provoquant des douleurs chroniques mais qui ne soit pas mortelle, et de préférence pas dégénérative. Et surtout, qui soit invisible. Et même si cette invisibilité était à la base une nécessité de scénario, c’est l’exploration des difficultés des handicaps invisibles au quotidien qui ont propulsées Mamba de perso secondaire à héro de sa propre histoire.

Car Mamba cache sa maladie : à la plupart de ses collègues, aux gens qu’il fréquente… alors que la gravité de son atteinte l’empêche souvent d’avoir une vie normale. Comment justifier qu’on ne boive jamais d’alcool quand on se retrouve dans un bar avec une tablée d’étudiants ? Comment expliquer qu’on refuse souvent les sorties, ou qu’on les annule parfois à la dernière minute ? Qu’on refuse la plupart des contacts physiques ?

J’avais envie de jouer sur cette dualité entre le personnage « public » de Mamba, celui que l’on perçoit quand on ne le connait pas, et le Mamba intime. D’explorer ce relâchement lorsqu’il est présence de gens qui savent, qui comprennent, auprès desquels il sait ne pas avoir à se justifier.

Pour finir, un personnage qui cumule… sans mélodrame

Alors, oui. Si on regarde, Mamba en cumule, des « handicaps ». Minorité raciale, double minorité sexuelle (car l’asexualité est une minorité au sein même des communautés LGBT), métier mal vu, handicap invisible avec douleur chronique. Pourtant, j’espère avoir réussi à créer un personnage qui n’empile pas les couches de drama pour autant. Peut-être parce que Mamba s’assume, tout simplement.

Bien sûr, ses symptômes pèsent sur sa vie quotidienne. Et il est persuadé que sa maladie le condamne à rester célibataire. Pour autant, il vit autant qu’il le peut. Il adapte, gère, calcule, mais sans oublier de faire ce qu’il aime, de profiter de ses amis, de prendre du bon temps, d’oublier parfois ses limites. Et je pense que malgré tout ça, Mamba reste un personnages incroyablement optimiste.

Extrait, chap 4 de « Painful Hunt »

« Le murmure me tire du cercle vicieux de mes pensées, m’amène à croiser le regard de Dom qui a vu, comme toujours. Il m’adresse ce regard prudent qui me dit qu’il connait la liste des symptôme par cœur et se demande contre lequel je lutte en ce moment : douleur, fatigue, migraine, acouphènes, dépression, confusion… et c’est trop. Je me lève un peu trop vite, les doigts agrippé au bord de la table pour ne pas grimacer à la pointe qui enflamme mon dos et mes genoux. Rentrer, juste rentrer. Même si je sais déjà que je ne dormirais sans doute pas cette nuit. Je jette un billet sur la table pour payer ma conso et suis déjà à mi-chemin de la sortie quand Jason m’interpelle.
Je me retourne, me retrouve face à face avec lui. Note la veste sur son bras et son casque qui balance au bout de ses doigts.
— Je te raccompagne ?
Je cligne des yeux, le fixe une longue seconde. Bordel, mais à quoi il joue ? Il se méprend sur mon silence, m’adresse un sourire gêné.
— Je n’ai pas bu… cette fois. J’ai un deuxième casque et comme tu as déjà un cuir… mais peut-être que tu n’aimes pas la moto ?
La réponse m’échappe.
— Il y a longtemps que j’en ai pas fait.
Sept ans, ça aussi. Il m’adresse un sourire ravi, me montre la porte.
— Vendu, alors ?
J’observe ses lèvres étirées, ses yeux brillants d’enthousiasme qui illuminent tout son visage. Et… merde. Ouais, vendu. J’acquiesce, le suis jusqu’à la bécane. Je laisse mes doigts effleurer sa moto pour le première fois. Une suzuki noire avec quelques traces écarlates pour souligner sa silhouette élancée. Il récupère le second casque dans la coffre et me le tend avec un petit sourire un coin.
— Un peu prétentieux pour faire de la ville, pas vrai ? Si tu veux, je t’emmènerais dans les calanques un week-end. »

Si vous souhaitez découvrir d’autres personnages, n’hésitez pas à aimer ma page facebook ou à suivre mon compte twitter !

 

4 réflexions au sujet de “Création de personnage : Black Mamba”

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