Me voilà de retour pour décortiquer la naissance/création d’un de mes personnages. Je vais donc vous parler ici de Princesse, héro « secondaire » (je vous en dirais plus à ce sujet dans mon article à venir sur le choix des personnages narrateurs) de mon dernier roman : Prison Putsh.
J’ai tenté de ne pas faire trop de spoiler sur l’intrigue de Prison Putsh dans cet article, mais il dévoile énormément l’intimité de son personnage phare. Si vous ne voulez pas de spoiler, je vous conseille donc de ne pas le lire ;).
Un univers qui détermine ses personnages
Tout d’abord, un peu de contexte. Car c’est bien l’univers et non les personnages qui m’est venu en premier sur ce coup-là. Bon, l’univers en lui-même, ce n’est pas très compliqué parce qu’il s’agit d’un roman contemporain, monde réel. Mais ce que je voulais en réalité, c’était un huit-clôt. Un univers dans l’univers, avec ses propres règles. Alors, il faut croire que je supporte mal les vacances à la mer et au grand air, parce que c’est à ce moment-là que j’ai décidé que mes prochains personnages passeraient les dix prochaines années en prison.
Un personnage caricatural qui démonte les clichés ?
Des personnages gays, j’en ai maintenant écrit un bon paquet. Mais j’ai réalisé qu’aucun d’entre eux ne s’approchait jamais de cette vision parfois caricaturale du gay clubbeur, efféminé, maniéré… bref, de ces personnes qui font dire quand on les croise dans la rue qu’elles sont gay, sans leur avoir même adressé la parole (que ce soit vrai ou pas, d’ailleurs. C’est bien le principe d’un cliché).
C’est ainsi qu’est né « Princesse ». Un personnage très fin, aux longs cheveux blonds, amateur de bijoux, de maquillage et de fringues moulantes/colorées/à paillettes. Mais surtout, un personnage avec un caractère bien trempé ! Car, si ce type de personnage se retrouve parfois dans les romans, ils sont bien trop souvent dans un rôle passif/soumis à leur partenaire plus masculin. Au point d’en être parfois transparents. Et ça, c’est justement ce qui m’a fait écrire Princesse.
Pierre-Alexandre Dumas, de son nom de naissance, est donc un gay efféminé et maniéré avec un putain de caractère de merde, pour résumer. De toute façon, il n’est pas en prison pour rien. Il a tué le mari abusif et violent de sa soeur d’une balle dans la tête. Et croyez-moi, ça ne l’a pas empêché de dormir.
Malheureusement pour lui, la prison n’est pas tendre avec ce genre d’hommes. Ce qui m’a permis de lui poser un background extrêmement dur. En effet, lorsque le roman commence, il est déjà enfermé depuis plus de trois ans. Trois années d’enfer qui n’ont pas suffit à lui faire renoncer à être lui-même. Le surnom moqueur de « Princesse » dont l’ont affublé les autres détenus, il l’a reprit fièrement à son compte et continue à exiber ses habits colorés et moulants et son caractère extraverti. Une manière pour lui de refuser ce rôle de victime, de résister au moins en partie à ses bourreaux, puisqu’il ne peut le faire physiquement.
Au delà de la « gay-titude »
Ah, juste histoire d’appuyer encore un peu le cliché, il est coiffeur. Enfin coiffeur… il est chef d’entreprise plutôt, puisqu’il possède ses propres salons de beauté/coiffure qu’il continue de gérer en partie malgré son emprisonnement.
Et si l’underground, les soirées dansantes et la mode étaient des parts importantes de sa vie, il n’y a malgré tout pas que ça. En effet, PA (il trouve Pierre-Alexandre trop guindé, allez savoir pourquoi) est aussi plutôt sportif puisqu’il court régulièrement et est surtout un grand amateur de rando-nature assez hard. Il a rencontré son ancien compagnon sur le chemin de compostelle, mais son domaine favori, c’est la haute montagne. Il a fait le GR 20 (le chemin de grande randonnée de Corse qui se fait sur plusieurs semaines) plusieurs fois et même plusieurs trek à l’étranger.
Pour être préparé à ces voyages hors civilisation, où il pouvait se retrouver en solo ou petit groupe sans aide accessible durant plusieurs jours, il a suivi des formations de premier secours et s’est pas mal renseigné sur la médecine d’urgence.
Bref, un personnage fort et résilient.
Et c’est ce qui va séduire le mafioso viril amené à partager sa cellule, cette résilience et cette force intérieure. Bien sûr, le PA que l’on voit dans ce texte est un écorché vif, un homme blessé, sauvage, qui ne redeviendra sans doute jamais celui qu’il était avant. Mais c’est aussi cela qui en fait un homme si fort, lorsque l’on prend la peine de regarder au delà des apparences, de ses tenues colorées, de son attitude volontairement superficielle et de son corps trop mince.
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