Pour changer, je me permets ici un petit pamphlet contre certains blogs d’écriture.
Vous allez dire que ce n’est pas ordinaire. Certes, mais là, je me suis mise en mode « recherche », comme je le fais souvent avant d’écrire un article sur les techniques de narration. Mon but : voir comment les éléments que je vais mentionner ont évolué dans l’histoire de l’écriture, mais aussi regarder un peu ce que d’autre que moi en pensent. Car l’écriture est un art et non une science, et si elle possède des règles, aucune n’est vraiment absolue (sauf peut-être la grammaire et l’orthographe, encore que… mais c’est un autre débat).
Donc, avant d’entamer mon troisième article sur la série : Narrations et points de vue*, j’ai lancé quelques recherches sur la narration à la première personne. Et là, je dois avouer que j’ai été choquée par mes lectures.
Combien d’articles, soit disant de conseils d’écriture, confondent « focalisation interne » et « première personne du singulier »…
Comme si une narration au « il » ne pouvait qu’être d’un point de vue externe ou omniscient et que le « je » était la seule manière d’avoir un personnage-narrateur ! J’avoue que j’ai parfois eu envie de demander aux auteurs « Avez-vous déjà lu un roman? ». Car combien de récits à la troisième personne se racontent du point de vue des personnages ? Il n’y a qu’à lire Le trône de fer de Georges Martin : un roman choral constitué d’une succession de points de vue interne… à la troisième personne !
Ainsi, lorsque je lis que « le récit à la troisième personne donne une vue d’ensemble du récit » et « la narration à la première personne prend le parti d’un point de vue subjectif »**, je ne peux m’empêcher de trouver cela extrêmement réducteur. C’est pourquoi je me permets de faire ici un rappel : le point de vue n’est pas la même chose que la personne utilisée pour la narration ! Si je n’ai effectivement jamais lu de roman omniscient à la première personne (et après tout, pourquoi pas, Dieu est un narrateur comme un autre), le point de vue interne peut être raconté au « il », au « je », au « nous » et même au « tu » (ces exceptions feront l’objet d’un prochain article).
Bien entendu, il s’agit là des blogs qui apparaissent en première page lors d’une recherche google. Donc, très probablement, de blog très lus et très suivis. Ce qui m’attriste d’autant plus.
Alors, cher amis romanciers… pitié. Si vous écrivez des articles de conseils d’écriture, soyez précis dans vos propos et ne confondez pas tout ! L’écriture est un immense terrain de jeu, avec de nombreuses règles qui sont là pour nous cadrer mais aussi nous permettre toutes les folies, tous les mélanges, toutes les originalités… ne privez pas les apprentis écrivains de leur liberté en leur enseignant que tout ne peut qu’être blanc (personnage-narrateur, « je ») ou noir (omniscient, « il »). Les nuances de gris sont trop nombreuses et trop belles pour être ignorées !
Petite édition pour vous conseiller un article sur le sujet, celui ci. Contrairement aux autres articles que j’ai lu, il parvient à expliquer clairement les différents types de narrations existantes et leurs particularités principales… tout en restant synthétique.
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**Voire « Points de vue : généralités » et « Point de vue interne à la troisième personne : plus ou moins deep »
** Je ne permettrais pas de citer les blogs en question, mon but n’est pas de faire un procès à qui que ce soit. J’aimerais juste que les lecteurs de blogs (tous les blogs, y compris le mien) gardent un oeil critique sur ce qui se dit sur internet. Peut-être ces articles ont été volontairement tournés ainsi afin de simplifier une question complexe. Auquel cas, je trouve que c’est un peu prendre les lecteurs pour des c**, mais passons…
Et si vous cherchez le rapport avec l’image d’illustration de cet article… restons zen 😉