Je place ici une petite chronique sur une auteure que j’ai découvert il y a peu de temps (mais dont j’ai honteusement pillé la bibliographie en quelques semaines). Il s’agit de Eli Easton, auteure américaine de romances contemporaines M/M*. J’ai lu pas mal de M/M au cours des derniers mois, et j’avoue que le constat était jusque là plutôt négatif au niveau de la qualité globale des oeuvres.
J’ai malheureusement lu trop de romances M/M, même publiées par des maisons d’édition, qui étaient au mieux passables. Un style parfois maladroit, des intrigues incohérentes, des personnages non crédibles, des situations qui font lever les yeux au ciel, des dialogues qui sonnent faux, des clichés monstrueux (coup de foudre au premier regard entre les personnages qui sont bien entendu des top models tous les deux mais hantés par un terrible passé…). Bref, beaucoup de textes qui au final se ressemblaient tous et n’apportaient plus vraiment de surprise passé les trois ou quatre premiers romans.
Eli Easton parvient à relever la barre de manière très honorable. Tout d’abord, elle propose plusieurs textes avec des personnages différents, qui ont des voix propres et des histoires variées. Ce qui est loin d’être facile à faire lorsque l’on atteint un certain nombre de roman, en particulier quand ces romans s’inscrivent dans un même style (ici, la romance M/M contemporaine, même si quelques-uns de ses textes sont SFFF).
Le style d’Eli est fluide, facile à lire sans être simpliste. Par contre, je parle ici de son style d’origine car j’ai lu tous ses textes en VO. J’ai entendu dire que les traductions n’étaient pas toujours à la hauteur. Ses personnages sont crédibles, bien structurés. Ils sont « beaux » mais pas parfaits, certains sont handicapés, d’autres plus âgés que la moyenne (et c’est rafraichissant de voir un personnage de romance dépasser les trente ans).
Mais passons au roman dont je voulais vous parler ici : Une nouvelle moisson, de son titre original : A second harvest. Il s’agit d’une romance contemporaine assez classique, en fait. Mais je pense que ce qui m’a séduit dans ce texte, hors l’âge des personnages (l’un a 41 ans), c’est justement sa simplicité.
« David Fisher a observé les règles toute sa vie durant. Issu d’une famille mennonite, il a obéi à son père et a repris la ferme familiale, s’est marié et a eu deux enfants. Aujourd’hui, alors qu’ils sont tous deux à l’université et que sa femme est décédée, il gère sa ferme seul, par automatisme, sans rêves pour sa vie qu’il pense déjà finie.
Christie Landon, graphiste de Manhattan et fervent adepte des soirées gay, a besoin de changer de vie. À trente ans, il pense qu’il est plus que temps de grandir un peu et de songer à l’avenir. Lorsque son meilleur ami fait une overdose, Christie décide de faire un break et de quitter la ville. Il s’isole alors dans une petite maison du comté de Lancaster en Pennsylvanie pour y faire le point et souffler.
Mais la vie en pleine campagne est bien ennuyeuse et pouvoir apercevoir ici et là le type séduisant qui vit à côté ne lui suffit pas vraiment. Alors lorsqu’il se découvre une passion dévorante pour la cuisine, il décide de tenter une approche avec son veuf de voisin en lui proposant de partager leurs repas ainsi que les frais des courses. David accepte et très vite, les deux moitiés de ce drôle de couple se rendent compte qu’ils apprécient réellement passer du temps ensemble.
Christie exhume des sentiments que David avait enterrés voici bien longtemps et défie les limites de son monde étriqué. S’il réussit à s’affranchir du passé, peut-être David aura-t-il, lui aussi, une seconde chance d’être heureux… »
C’est une romance sans prétention qui s’assume comme telle. Elle est douce, prend son temps, pose une relation équilibrée, place des obstacles sur le chemin des personnages sans faire de drama. Elle prend place à la campagne, ce qui accentue cette impression de laisser le temps au temps, sans que cela ne soit source d’ennui car il n’y a pas pour autant de longueur ni de détour inutile.
Bref, ce n’est pas un livre haletant, un livre « coup de coeur » qui vrille les tripes et vous reste en tête pendant des années. Mais pour moi, c’est un livre marquant. Parce que c’est le premier roman M/M qui en pas donné envie d’envoyer à l’auteur des pistes d’amélioration. C’est un livre que j’ai profondément apprécié et que je relirais sans la moindre hésitation.
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Romance M/M* : romance homosexuelle masculine (pour M/M = Male/Male)