J’avais beaucoup apprécié sa nouvelle dans l’anthologie « Les métiers ordinaires », je reviens ici avec une chronique du second roman de Sully Holt : Retour à Cape Cove.
C’est le premier texte que j’ai lu d’elle et j’ai énormément apprécié. Bien sûr, Retour à cape Cove est un M/M, et on y retrouve quelques-uns de mes « kink », à savoir un ex-flic et un ex-taulard. Mais Cape Cove, c’est beaucoup plus que ça. C’est surtout une très très belle plume, des personnages forts, creusés, humains, jamais manichéens, que ce soit les deux héros ou les personnages secondaires. Et surtout… une ambiance que j’ai trouvée vraiment magistrale.
« À dix-neuf ans, Flynn Davies est heureux et la vie lui sourit. Il aime les cours, il aime sa famille, l’océan, ses amis et, plus que tout, il aime Monroe Banner qui le lui rend bien. À la fin de ses études, Flynn s’apprête à voir ses vieux rêves se concrétiser. Il ne souhaite qu’une chose : pouvoir les partager avec son petit ami. Car si sa famille et ses quatre amis représentent tout pour lui, Flynn n’envisage pas son avenir sans Monroe. Pourtant, un événement imprévu va bouleverser l’ordre des choses, et Flynn prend une décision terrible : il s’exile à l’autre bout de l’Etat sans un regard en arrière, abandonnant Monroe derrière lui. Quinze ans plus tard, il est de retour à Cape Cove, le village qui l’a vu grandir, aimer et rêver, le village qui n’a jamais quitté ses pensées. En réponse à l’appel de sa soeur, Flynn accepte de s’occuper du pub familial à ses côtés. Mais c’est sans compter les difficultés provoquées par ce retour inattendu. Alors qu’il commence tout juste à s’acclimater, les évènements s’enchaînent et Flynn doit choisir entre fuir une nouvelle fois ou se tenir aux côtés de l’homme qu’il n’a jamais cessé d’aimer. »
Le style :
Si, malgré un bon moment de lecture, j’avais gardé quelques réserves sur le style du roman précédent de Sully Holt (De l’ombre à la lumière), je n’en ai plus sur celui-ci. Peut-être parce que ce texte assume un point de vue interne partagé entre les protagonistes, là où le précédent était plus omniscient. Or, l’omniscient est une narration qui m’a toujours clairement posé problème. Quoi qu’il en soit, la tendance précédente à expliquer les personnages au lieu de les laisser vivre disparaît presque complètement ici. Il n’y a bien que la première apparition de Monroe qui m’ait redonné cette impression d’info-drump (l’arrivée de trop d’informations d’un coup, trop déconnectées de l’action), et encore, ça n’a duré que deux paragraphes.
Le schéma d’ensemble :
Le prologue joue pour moi superbement son rôle. Il introduit les personnages dans un contexte passé, dans une scène innocente, vivante. Qui provoque un tel décalage lorsque l’on aborde le chapitre 1 qu’il choque et interroge le lecteur, pose la question du « comment en est-on arrivé là? » sans y répondre immédiatement. Car ce chapitre nous présente Flynn et le laisse parler, cogiter, sans faire l’erreur de l’analyser. On découvre donc petit à petit ce qu’il s’est passé, on le devine avant de l’apprendre, en partie, comme des pièces de puzzle à réassembler. Et le motif d’ensemble parvient à être à la fois « beau » (enfin, ma définition de beau), cohérent et fin.
Niveau intrigue, Retour à Cape Cove met en scène une enquête. Pourtant, c’est loin d’être un thriller. En réalité, on sent que l’intrigue n’est pas la part importante de ce livre… et c’est très bien comme ça. Le coeur du texte : ce sont les personnages et l’univers.
Il y a bien sûr le point fort de Sully Holt : les personnages. Tous les personnages, du secondaire au simple figurant, ont un corps, une personnalité à la fois banale et remarquable. On les découvre, on apprends à les connaitre, on les suit, de la vaste présence à la petite anecdote.
L’univers :
Mais, peut-être encore plus que sa gestion des personnages, c’est l’univers qui est ici très intéressant. Il est surprenant, pour une « romance blanche » d’avoir un « monde » aussi dense, aussi vivant. Et c’est pourtant ce qui fait une grande part de la beauté de ce texte. Le village de pécheurs dans lequel vivent les personnages est si présent qu’il devient presque un personnage à part entière, à travers ses descriptions magnifiques aussi bien visuelles, sonores, qu’olfactives. Et pourtant, elles ne sont jamais ennuyeuses, sans doute parce qu’elles infusées en permanence, vivantes, intégrées à la narration. Mais c’est aussi et surtout la manière dont l’univers fasçonne les personnages, leurs vies et leurs relations, qui le rend si dense. Avant d’être des héros de romance, ces personnages sont surtout et avant-tout amoureux de leur pays, de la terre, de la mer, de leurs métiers pourtant si physiques et exigeants. Et c’est ce lien très fort qui donne pour moi tout son corps au roman.
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