Dans une de mes lectures récentes (je vous en parlerai), j’ai pioché l’idée d’une série d’articles dédiés à mes intérêts spécifiques (aka IS). Car non, contrairement à ce que l’on croit souvent, la plupart des autistes ne vont pas rester passionnés par un seul et unique domaine toute leur vie durant. Les intérêts spécifiques sont bien souvent pluriels, mouvants et évolutifs.
Je vais donc vous parler, au cours de 7 articles, de 7 intérêts spécifiques qui m’ont distraite, occupée, obnubilée voir obsédée depuis mon enfance, et jusqu’à aujourd’hui !
Premier intérêt spécifique
L’Égypte ancienne est l’un des plus anciens IS dont je me souvienne. Pas très original, sans doute. J’ai découvert ce domaine d’intérêt en tant que jeune lectrice, lorsque j’ai commencé à dévorer les romans de Christian Jacq (pas très original non plus) quand j’étais au collège.
Des romans, je suis passée aux livres illustrés sur les pyramides, les tombeaux, les peintures et les hiéroglyphes, puis à l’histoire de l’Égypte (la reine Iahotep, le pharaon Akhénaton qui a voulu imposer une religion monothéiste…), et bien sûr à l’Égytologie (Champollion notamment). Entre douze et quinze ans, je me cherchais un prénom égyptien, je faisais des châteaux de sable représentant le temple de millions d’années d’Hatchepsout (selon ses plans réels) et je tentais d’apprendre les hiéroglyphes (comme je ne suis pas très douée en langue étrangère, je ne suis pas allée plus loin que « le petit Champollion illustré »).
Bien sûr, la mythologie égyptienne tenait une belle part dans tout ça. J’aimais leurs dieux à têtes d’animaux, je connaissais leurs attributs et leur histoire. J’aimais particulièrement Bastet et Sekmet, je connaissais l’histoire d’Osiris, la pesée des âmes avec la plume de Maât…
Le rapport des égyptiens anciens à la mort est un élément fondamental de leur culture. C’est ce qu’ils ont laissé, ce qui a traversé les âges pour nous parvenir : leurs tombeaux enterrés remplis de merveilles, leurs momies, leurs pyramides et les peintures incroyables qui en ornaient les murs. Toute leur vie durant, les pharaons préparaient leur mort.
Un intérêt spécifique d’enfant
Dans mes souvenirs, je me revois enfant avec cette passion débordante. En réalité, je n’étais pas si jeune. J’approchais déjà plus d’une pré-ado que d’une gamine (j’en suis sûre, parce que mon petit frère qui a 8 ans de moins se souvient de cette période). Je ne devrais pas en être si surprise, mes souvenirs d’enfance et leur chronologie ont toujours été très flous pour moi (il paraît que ce défaut de mémoire autobiographique est aussi un trait autistique). Étant donné que c’est la première passion dont je me souvienne, j’ai demandé à mes parents ce que je faisais de ma vie avant ça, réponse laconique de mon père : « la bibliothèque rose » (et la verte, et la bleu, et la série à rallonge des animorphes, bref, j’ai effectivement passé quelques années à bouquiner).
Quoiqu’il en soit, si je classe aujourd’hui cet intérêt dans le cadre des IS, c’est donc en partie à cause de ce que je ressens aujourd’hui pour ce sujet : une grande tendresse et une certaine nostalgie d’en avoir été si passionnée. Quand je regarde cette thématique, je me surprends à pouvoir encore évoquer la pierre de rosette et son rôle dans l’histoire de l’Égyptologie, à expliquer basiquement la grammaire hiéroglyphique, à nommer la plupart des dieux et à relater l’histoire d’Osiris. Cela me semble bateau, mais je suppose que ce n’est pas le cas de la majorité des gens.
Ce qui en a fait un IS, c’est aussi la manière dont j’ai superposé cet intérêt à plein de domaines de ma vie. Je lisais sur le sujet, des romans et de la non-fiction (à 15 ans, donc), je tentais d’apprendre la langue, et j’allais à la plage avec mes livres pour pouvoir reproduire un temple dans le sable. L’Égypte n’était pas limitée à ma chambre et à mes romans. Je pense que c’est ça, la véritable marque d’un IS pour moi : sa manière de « déborder » dans tous les domaines de ma vie et d’obnubiler mon esprit même pendant les moments a priori sans rapport.
Un intérêt éteint avec le temps
Je ne sais plus quand ni pourquoi j’ai perdu cet intérêt spécifique. Peut-être a-t-il été supplanté par un autre. Quoiqu’il en soit, mon intérêt pour l’Égypte s’est éteint progressivement et je n’y replongerai probablement jamais.
Je garde une grande tendresse à son égard, étudier l’Égypte ancienne m’a ouvert sur le monde, sur l’histoire et sur les arts. Ça a été ma première passerelle entre l’imaginaire des romans et la réalité d’une culture qui a existé. Je crois que je garde une part de ça dans mon imaginaire, mon attrait pour les mondes inventés et ce genre d’esthétiques et d’inspiration.
Aujourd’hui, j’ai oublié beaucoup des éléments mythologiques ou historiques de cette culture, même s’il me reste quelques petites choses. Parfois, ces oublis me complexent. J’ai l’impression que mon IS n’était pas assez fort, puisqu’il a disparu et s’est en grande partie effacé de ma mémoire. Même si je crois que c’est normal. Les IS ont aussi le droit de prendre leur retraite.
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