Pour inaugurer la nouvelle version de ce blog, j’ai choisi de taper directement dans le vif du sujet en vous proposant un article de la catégorie Errances. Aujourd’hui, je vais donc vous parler de réflexion identitaire en vous livrant ma vision de la notion de cases et de classifications. Homosexuel, cisgenre, autiste, végétarien, hétéroromantique, neurotypique… des mots qui divisent les gens à travers des notions que l’on peut rejeter, craindre, découvrir, comprendre, reconnaître, intégrer…
Alors, ces cases, limitations auto-imposées ou acceptation de soi ?
Mettre sa vie en cases, c’est une notion qui peut paraître horriblement limitante. Pourquoi chercher absolument à s’enfermer, à se restreindre à un certain nombre de vérités et de comportements au lieu de prôner la liberté et l’adaptation, le dépassement permanent de nos limites ? Si l’idée de liberté est fondamentale, il ne faut pas oublier que c’est avant-tout un concept très personnel. Et si pour certains, cette liberté se concevait justement à travers des cases ?
Parce qu’une liberté totale, sans bornes et sans repères, ça peut être aussi terrifiant qu’un paysage désertique. Alors parfois, ces cases sont là non pour nous enfermer mais pour nous protéger, pour nous permettre de nous rouler en boule, bien à l’abri de ces parois rigides qui nous isolent de l’extérieur. Parce que pour pouvoir être libre, il faut d’abord se sentir en sécurité et en adéquation avec soi-même.
Mes cases, c’est à ça qu’elles me servent : à me définir, à me comprendre et à me protéger. Alors ces cases, je les collectionne ! Des cases pour mon identité, mon genre, mon orientation, mon fonctionnement cérébral, ma mémoire et ma personnalité, des cases pour mon alimentation et ma manière d’écrire… je crois qu’il n’y a rien que je n’ai pas tenté de mettre en case à un moment ou un autre. Parce que les moments où je me suis sentie mal, perdue, ce sont justement ceux où ces cases étaient absentes et où je me retrouvais seule et perdue devant un horizon infini. Et si la validation d’un regard extérieur m’est parfois nécessaire pour définir la case, une fois que j’en aurais appris la forme, les limites, les angles, la matière… ce sera à moi de juger si je la trouve confortable et si je choisis d’y rester. Car le secret, je crois, c’est justement de ne laisser personne vous y enfermer de force.
Alors mes cases, je les aime parce que j’en possède la clef. Et si je peux choisir de m’y enfermer, je choisis aussi quand en sortir, quand en rejoindre une autre, quand en démolir une pour la reconstruire autrement. Mes cases ne sont pas figées, jamais. Elles bougent, s’agrandissent, fusionnent, rentrent les une dans les autres. Mais elles sont là, et leurs parois me donnent des repères. Elles me permettent de me comprendre moi-même et de m’accepter plus facilement, avec moins de culpabilité.
Et parmi ces cases, il y en a une qui se nomme « curiosité et amour des défis ». Peut-être que c’est ce qui me sauve, car elle m’interdit de rester trop longtemps prostrée dans les autres. Mais je pense que la liberté, c’est aussi d’avoir le droit de choisir de s’enfermer, parfois. Si c’est enfermé que l’on se sent bien.
Vous noterez que je n’ai évoqué ici les cases que pour ce qu’elles représentent pour soi-même, dans des démarches de réflexions identitaires. Bien entendu, l’utilisation de cases va également impacter notre relation aux autres et au monde. Mais c’est un autre sujet que j’aborderais une prochaine fois.
Des petites cases, des petites cases partout !
Je préfère la notion d’étiquettes (parce qu’on peut les superposer plus facilement et que j’aime pas me sentir à l’étroit peut-être), mais au final ça revient au même. Un outil comme un autre pour se connaitre et se gérer.
Oui mais on peut pas se planquer dans une étiquette :P.
Très intéressante comme réflexion! Je suis un peu à l’autre bout du spectre : je ne supporte pas d’être mise dans une case parce que j’ai l’impression que ça limite mon comportement ou que ça m’interdit des choses, et que je vais être jugée par la « police » des personnes qui s’identifient à cette case si je ne respecte pas tel et tel truc pour « avoir le droit » de me revendiquer de cette case-là.
Mais du coup en lisant ton article je comprends beaucoup mieux comment d’autres personnes ont au contraire envie de trouver des mots pour identifier certaines choses. Vraiment bien expliqué, merci 🙂
Merci à toi ! Je connais d’autres personnes qui pensent comme toi, et c’est une discussion avec elles qui m’a donné envie d’écrire cet article, justement parce que j’étais frustrée de ne pas réussir à leur expliquer correctement mon ressenti. Alors je suis contente que ça soit clair ici ;).