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Développement, Errances

Le deuil du sens

Disclaimer : En écrivant cet article, j’ai conscience d’être privilégiée sur bien des points et que je n’aurais pas eu le même parcours si ça n’avait pas été le cas. Je reviens ici sur des questionnements et des conceptions qui me sont personnelles. Je n’ai aucune intention de juger ou de donner des leçons à quiconque. Nous faisons tous de notre mieux. Attention, ce type de questionnements peut être particulièrement perturbant lorsque l’on est confronté à des difficultés d’ordre psychologique/émotionnelle, sentez-vous libre de ne pas lire, prenez soin de vous.

TW : religion, suicide

Ou la question du sens de la vie, de l’univers et du reste. Je vous évoquais dans un précédent article une période fondatrice de ma vie pendant laquelle j’ai été totalement absorbée par cette question du sens de la vie. J’ai aujourd’hui envie de revenir dessus.

Photo de trois grandes croix de crucifixion sur fond de ciel orangé.
Image par Gerd Altmann de Pixabay

Lorsque j’étais enfant, j’ai été élevée dans la religion chrétienne. Rien d’envahissant, mais je suis allée au catéchisme, à la messe du dimanche (même si ça n’a jamais été une obligation), j’ai même été enfant de chœur pendant un temps. Mais plus les années passaient, et plus je regardais tout ça avec un scepticisme grandissant. Ma grand-mère y croyait. Mes parents ? Probablement, je n’étais pas trop sûre. Moi ? De moins en moins. L’hypothèse d’un gigantesque hasard cosmique m’apparaissait finalement bien plus crédible que celle d’une divinité fondatrice.

Mais sans religion pour me guider, je me suis retrouvée avec une question envahissante : quel sens donner à notre existence ? C’était important pour moi, cette question du sens. J’avais le sentiment d’avoir besoin de la réponse pour savoir où aller dans ma vie.

Photo d'un embryon de quelques cellules, vu au microscope.
Image par Gerd Altmann de Pixabay

Pendant un temps, j’ai fait de la science ma religion. Le sens de la vie était simple, il était biologique : nous étions là pour perpétuer l’espèce. Cette croyance m’a portée quelques années, jusque vers la fin du lycée. Puis elle s’est effondrée à son tour, pour une raison simple : quel intérêt ? En avais-je sincèrement quelque chose à foutre, que l’espèce humaine perdure à travers les âges ? Des espèces naissent, évoluent, mutent, se croisent, disparaissent tous les jours. Nous ferons comme les autres, nous disparaîtrons un jour. Est-ce que ça changera vraiment quelque chose, à l’échelle de l’univers ?

Bon, cette prise de conscience était plutôt une bonne nouvelle, car c’est elle qui m’a autorisé à ne pas vouloir d’enfants. Mais elle m’a laissé avec une certitude : notre vie n’a aucun sens. À vingt ans, j’en étais là de mes réflexions et mon évolution. Ma naissance, ma vie, ma mort… cela n’avait et n’aurais jamais aucune importance.

Avec cette absence de sens, se posait la question de « pourquoi rester en vie? ». C’est toujours resté très théorique, car si je ne savais pas à quoi servait la vie, j’avais par contre une conscience aiguë que la mort briserait tous les possibles.

J’ai caressé un instant l’idée de l’immortalité par la mémoire collective. Changer les choses, créer quelque chose de fondateur qui ferait que mon nom resterait vivant à jamais. C’était pour moi bien plus concret et crédible que l’idée d’une vie après la mort. Puis l’impossibilité de la tâche m’a rattrapé. Rien n’est éternel, jamais. Et même si ça l’était… quel intérêt avait cette forme d’immortalité, finalement ?

Puis j’ai réalisé. C’était simple, en fait. Il n’y avait pas besoin d’y avoir un sens, une raison ou une prédétermination. Il y avait juste besoin d’y prendre du plaisir.

Photo d'une jeune femme, allongée dans un champ de fleurs mauves, les yeux fermés et un sourire aux lèvres.
Image par Free-Photos de Pixabay

C’est con, hein ?

Bien sûr, tout n’est pas toujours rose. Il y a des moments durs, beaucoup de choses que nous ne contrôlons pas. Mais c’est ainsi que je conçois aujourd’hui le sens de l’existence : ce sont les joies du quotidien, les passions, les moments beaux.

La seule chose qui compte dans ma vie : c’est mon bonheur. C’est faux bien sûr, au moins parce que l’on peut difficilement être heureux tout seul. Alors le bonheur de ceux qui m’entourent fait partie de l’équation. Mais… leur bonheur ne doit jamais, jamais venir au détriment du mien. Ou du moins jamais sur la durée. Dans cette société patriarcale, élitiste et productiviste, une certaine dose d’égoïsme est indispensable. Je n’existe pas pour être au service des autres. J’existe pour vivre des moments beaux.

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