La photo de paysage est omniprésente : illustrations, posters, cartes postales, fonds d’écran d’ordinateur… on la voit partout, impressionnante, poétique… Quand j’ai eu un appareil entre les mains, c’est l’un des premiers genres photographiques que j’ai exploré.
La photographie des débuts
Je vivais à la mer, je partais régulièrement en vacances dans des régions montagneuses très « photogéniques ». La photographie de paysage a l’avantage d’avoir une temporalité lente (la montagne ou l’arbre ne va pas se sauver le temps que vous sortiez votre appareil), de pouvoir se faire avec des réglages basiques, de supporter des lumières variées souvent compensées par le mode automatique de l’appareil photo… en bref, il est très facile d’avoir un résultat correct, même lorsque l’on débute. Au mieux, potasser quelques ouvrages sur le cadrage permet de bien acquérir les bases d’une composition harmonieuse et qui attire l’œil. Facile, accessible, j’étais contente de moi car j’avais très fréquemment l’impression de réaliser de belles photos.
Affirmer son goût et son style
Puis j’ai eu un meilleur appareil, des objectifs plus performants. J’ai progressé, j’ai affirmé mon goût et mon style de photographe. J’ai commencé à essayer de mettre « ma patte » dans mes photographies. Et j’ai délaissé le paysage pour me concentrer sur autre chose, sur des photos plus originales, plus techniques (la macro, notamment).
Et… j’ai fini par réaliser que je m’étais mise à esquiver les photos de paysage. Quand je sortais mon appareil, aucun panorama n’avait plus grâce à mes yeux parce que « c’est trop simple », « tous les gens qui passent par là l’ont déjà prise ». La simplicité de la photographie de paysage devenait « trop facile pour moi » et ne m’attirait plus. Mais est-ce vraiment aussi simple ? Ou est-ce que ce n’était pas plutôt la frustration d’être restée à un niveau de photos tout juste « correctes » qui ne me satisfaisaient plus ?
Parce qu’entre temps… j’en ai vu, des photos de paysages. Des livres de photos sur les grands parcs naturels américains (le Yellowstone est tellement photogénique), des matins brumeux sur les marais pris par mon prof d’arts martiaux Rodolphe Sampieri, les photographies nantaises au style très marqué de Cedric Blondeel... et ces photos-là… ce ne sont pas des « photos faciles ». Elles demandent un vrai travail de lumière, elles demandent de se lever à l’aube en hiver, de prévoir à l’avance les périodes durant lesquelles les lieux seront déserts, de travailler vraiment avec la lumière du jour et non pas malgré elle pour tirer un truc correct à 4h de l’après-midi en plein soleil (oui, c’est le pire moment pour prendre des photos).
Un genre hyper exigeant
Aujourd’hui, je réalise à quel point la bonne photographie de paysage est une photo exigeante et un genre difficile. Et si j’ai mis de côté ce type de photos, ce n’est sans doute pas tant parce que « tout a déjà été fait » comme je le disais encore il y a 6 mois, mais parce que « si je veux y mettre ma sensibilité, je vais avoir beaucoup, beaucoup de boulot ». Alors que merde, c’était censé être des photos faciles !
Bref, je ne sais pas si je vais tenter de reprendre la photographie de paysage. Ça me tente, mais ça demande effectivement de calculer et d’organiser des excursions spécifiques pour prendre le temps de vraiment travailler avec le ciel et chercher ce que je peux obtenir. Il est plus facile de rester sur un style de photos que je commence à maîtriser et où j’ai vraiment l’impression d’avoir quelque chose qui m’appartient (les photos de fleur, principalement). Et c’est sans compter mon intérêt pour la photographie animale et la photo urbaine où je me cherche encore. Bref, j’ai encore beaucoup de choses à explorer.