Parce que la louve est une grande romantique, elle s’est retrouvée embarquée dans une aventure hors du commun. En effet, j’inaugure aujourd’hui la catégorie Rencontres avec un livre que j’ai lu dans le cadre du Prix des auteurs inconnus auquel je participe en tant que jury de la section Romance. Une belle façon de découvrir de jolies perles et de titiller mon sens de l’aventure en chroniquant une série de livre que je n’ai pas choisie, ou du moins pas seule. C’est comme ça que j’ai découvert le roman de Marjorie Levasseur : Te revoir à Penn Avel.
J’ai tout de suite accroché sur la couverture, qui dégage une sobriété et une poésie qui fonctionne souvent chez moi. Lors des présélections, ce roman m’a intriguée parce qu’il ne débute pas du tout comme une romance. J’ai donc été très contente qu’il soit sélectionné, et malgré quelques réserves, je me suis laissée envoûter jusqu’à le dévorer en deux jours.
Au début de ce roman, l’héroïne Pauline est sauvée d’une agression par un vieux SDF qui se retrouve blessé et qu’elle décide donc d’héberger chez elle durant sa convalescence. Un début à l’opposé de ce que l’on attend d’une romance. De qui l’héroïne tombera-t-elle amoureuse ? Eh bien, il faut attendre un bon moment avant de le découvrir ! Et cette originalité sort ce texte de la catégorie des romances classiques que l’on trouve à la pelle.
L’intrigue n’a pourtant, au final, rien d’extraordinaire. Mais ce sont ces histoires simples qui me touchent le plus. Parce qu’elles permettent de mettre tout l’accent sur les personnages, leur caractère, leur complexité, et surtout sur la naissance d’une relation qui se construit pas à pas.
Bien entendu, j’ai eu un immense coup de coeur pour Tiburce ! C’est vraiment un personnage comme je les aime. Simple, abimé par la vie mais d’une grande solidité malgré les épreuves. Spoilers interdits, mais je peux dire qu’il correspond en tout point au type de persos pour lesquels je craque à chaque fois, et je ne m’y attendais pas du tout ! C’était donc une excellente surprise !
Pauline m’a moins marquée, peut-être parce que les femmes me marquent toujours moins. Ou parce que j’ai eu l’impression de la survoler par rapport à Tiburce. Étonnant quand on sait que c’est elle que l’on suit pendant tout le début du roman. Mais je pense que le souci la concernant est le gros verrouillage instauré immédiatement autour de son passé. Alors que chez Tiburce, on s’interroge tout du long sur sa vie, avec des indices, des fausses pistes, des avancées… pour Pauline, on a un énorme appel du pied au premier chapitre (qui m’a un peu donné la sensation d’un néon clignotant style « eh lecteur, regarde, le suspense du bouquin se trouve ici ! ») et puis… plus rien jusqu’à la fin, ou presque. Et ça m’a donné une sensation de suspense artificiel et surtout celle de rester à la surface du personnage, parce que je n’avais pas les billes pour la comprendre vraiment.
Concernant le style, j’ai regretté qu’il y ait énormément de « tell ». Dans beaucoup de passages, l’auteur nous donne des informations sur le passé des personnages, leurs goûts, leur vie… en nous les racontant à travers des « pensées » qui tombent souvent à plat. C’est particulièrement flagrant dans le premier chapitre : Pauline traverse un square nantais. Pendant cette « promenade », le lecteur n’a aucun besoin de connaître par le menu ses déboires avec la vieille chaudière de la maison prêtée par sa grand-mère ou son passionnant travail de gestion d’un site de rencontre pour séniors. Parce que ces informations donnent vraiment la sensation d’être placées là pour donner des clefs au lecteur alors que… sincèrement, le lecteur n’en avait pas besoin à ce moment de l’histoire. Et pendant ce temps, la traversée du square est écartée, et on perd totalement de vue l’ambiance inquiétante et le sentiment d’angoisse que ce passage était censé nous donner.
Bref, une histoire qui a su me séduire malgré le tell et quelques incohérences, simple mais qui parvient à être prenante justement grâce à cette simplicité. Des persos globalement crédibles, forts à leur manière, avec leurs défauts et leurs failles. Je lis très peu de romances hétéros, mais j’ai trouvé celle-ci entraînante, facile à lire, les héros émouvants à leur manière par leur simplicité.
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