Puisque je suis en plein dedans avec le projet Jours Rouges, je vais vous parler aujourd’hui des particularités à d’écrire de l’anticipation. On a tendance à dissocier 4 axes dans l’écriture de fiction : l’univers, l’intrigue, les personnages et le style d’écriture. Si je traite régulièrement de l’écriture des personnages sur ce blog, parce que c’est l’aspect qui me parle le plus, nous sommes ici en plein dans la partie univers !
Ceux qui lisent ou écrivent, en particulier de la SFFF, le savent bien : l’univers est un point fondamental d’un texte. Loin de constituer un simple décors pour l’action, la cohérence du monde dans lequel évolue vos personnages détermine en grande partie la cohérence globale de votre texte.
Il y a trois types d’univers sur lesquels j’ai déjà travaillé et qui sont très différents à traiter : le monde contemporain, l’univers de fantasy et le monde réel à une autre époque que la notre (passé ou futur). Dans Jours Rouges, l’histoire se déroule dans un avenir à la date indéterminée, à Paris. Et les parti-pris liés à cette situation spatio-temporelle ont provoqués quelques sacs de nœuds dans mes neurones en surchauffe.
Paris, pourquoi et comment ?
Choisir un lieu existant pour le déroulement d’une histoire implique de faire un certain nombre de recherches. Ici, j’ai clairement et dès le début, placé l’intrigue de Nuits Blanches (le préquel de Jours Rouges) à Paris. Une ville où je n’ai jamais vécu. Pourquoi Paris ? Parce que je voulais une grande ville, un lieu central, reconnaissable par les lecteurs. Et je n’avais aucune raison de placer mon histoire dans un pays autre que la France.
Du coup, l’écriture de Nuits Blanches m’avait déjà fait prendre conscience des difficultés. Pour obtenir un Paris réaliste, où les gens pourraient se reconnaitre, j’ai mis à profit google map et son mode real view pour placer les lieux fondamentaux de l’intrigue et décrire les environs. Quelques photos recherchées sur internet m’ont permis d’affiner les descriptions, et pour le reste… le fait que l’histoire se déroule dans l’avenir permet malgré tout de broder pas mal. Bâtiments en ruines, transformation d’un parc en décharge, d’une université en QG de gang… partir sur un futur relativement éloigné et assez différent du notre donne malgré tout une belle marge de liberté.
Reste que le charme de beaucoup d’ouvrages d’anticipation est leur ancrage dans le réel. C’est pourquoi noms de rues, bâtiments célèbres, itinéraires parcourent ces textes comme des clin d’œils au lecteur qui parcourrait Paris et pourrait imaginer à quoi ressemblent les rues, les quartiers et les bâtiments actuels dans cet avenir fantasmé.
Avenir vraisemblable et esthétique cyberpunk
Mais au delà du lieu de l’intrigue, une autre difficulté se cache dans les romans d’anticipations : la crédibilité du futur. Bien sûr, plus on s’éloigne dans le temps, et plus cette construction de l’avenir ressemble à la création d’un univers de fantasy : une base si éloignée de la notre que l’auteur à une grande marge de liberté.
Cependant, je souhaitais dans ce roman avoir à la fois un Paris reconnaissable (donc, des bâtiments encore vaguement debout) et un niveau technologique pas trop éloigné du notre. J’ai donc placé l’histoire dans environ 100 ans.
Mais ce qui a vraiment déterminé l’univers de Nuits Blanches, à la fois l’époque, la technologie et le contexte social : c’est une esthétique. Celle d’une des premières images du mange GUNNM où l’on voit l’héroïne cybernétique trouvée dans une décharge. A partir de là, je savais qu’il me fallait un avenir contrasté, avec à la fois une avance technologique suffisante pour créer des cyborgs voir des androïdes, et une fracture sociale qui implique une grande pauvreté au sein de la majorité de la population.
Or, si j’ai placé toute l’intrigue de Nuits Blanches dans le bas-Paris : la partie de la ville occupée par les plus pauvres, j’ai décidé que Jours Rouges serait partagée entre les deux parties de la ville : le bas-Paris et les bulles du Haut-Paris qui abritent les Haut-citoyens. La poignée d’habitants ultra-riches qui vivent dans le luxe et l’oisiveté.
Une société contrastée
Je me retrouve donc à gérer deux niveau de technologie très distincts. D’un côté, le bas-Paris a un niveau global inférieur au notre, parce que les habitants n’ont pas les moyens de se payer la plupart des objets « de luxe ». Seules quelques pointes technologiques émergent : comme les prothèses cybernétiques qui remplacent les membres amputés et les puces neurales qui permettent à leurs rares utilisateurs de se connecter mentalement à une forme d’Internet. Pour le reste, la plupart des habitants n’ont même pas les moyens de se payer un frigo.
A l’opposé, il y a les très très riches, qui vivent dans un complexe battis sur l’île de la citée, et formé de « bulles », des sortes de cloches recouvertes d’un dôme qui les abrite des éléments, du froid, du rayonnement solaire, de la pollution, etc… chez eux, la puce neurale est systématique, reliée à une intelligence artificielle et un système de contrôle permanent de l’état de santé. Ils vivent au milieu des robots et des systèmes automatisés ou gérés par les ingénieurs de la ceinture (l’équivalent de notre classe moyenne).
Un bon point de départ pour explorer le choc culturel ressentit par mes héroïnes lors de leur rencontre, alors qu’elles ne vivent qu’à quelques centaines de mètres l’une de l’autre.
Un faisceau d’éléments en arrière plan
Et au delà des très évidentes questions technologiques et sociales, se posent toutes celles liées à l’évolution des sociétés humaines : politique et géopolitique, religion, culture, écologie et même climat… tout un ensemble de données qui ne seront qu’à peine effleurées dans les textes, mais sur lesquels il a quand même fallu se poser la question, à un moment.
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