The Heretic Doms Club est une série de romance BDSM (surprenant ? non ? tant pis), écrite par Marie Sexton.
Il faut savoir que globalement, la série se base sur un groupe de quatre amis. Quatre dominants qui se connaissent depuis très longtemps, et qui ont quitté la « communauté BDSM » parce qu’ils ne s’y reconnaissaient plus ou pas (d’où le « heretic »). Les quatre approchent de la quarantaine, ce qui offre des personnages un peu plus matures que la moyenne, plus posés, qui se connaissent et connaissent leur pratique et leurs goûts.
Cette série offre également une belle diversité dans la représentation du BDSM. Les quatre dominants ont des pratiques et des attentes très différentes les uns des autres, deux sont bis. Certains vont avoir une différence d’âge avec leur partenaire, mais pas tous. Quelques passés traumatiques, mais pas tous non plus.
Mais surtout, chaque roman traite d’une thématique en plus de la romance, en explorant différents aspects de ce thème à travers plusieurs personnages. Dans l’ordre : la prostitution, les violences conjugales, la politique, le soin. J’ai vraiment apprécié ça.
J’ai lu le premier tome sur conseil (je ne me souviens plus de qui exactement) m’attendant à trouver une romance BDSM assez classique. J’ai été plutôt satisfaite de ma lecture. La pratique est correctement documentée, pas caricaturale, les personnages attachants et nuancés, ils font des erreurs sans que l’on tombe dans la relation malsaine. C’est une vraie romance, avec une intrigue basée sur les personnages, des scènes de sexe présentes mais pas prédominantes. Bref, une bonne surprise, sans être un coup de coeur.
Et puis j’ai lu les deux tomes suivants, et j’ai vraiment réalisé l’effet de résonnance des thèmes tels que l’autrice les a travaillés dans ces romans.
Le tome 2 m’a scotché. « Terms of service » traite d’une pratique de BDSM assez peu valorisée en romance, car pas spécialement glamour : la servitude domestique. Une manière à la fois frontale et un peu décalée d’aborder le thème des violences domestiques. C’était une pratique que je ne comprenais pas, jusqu’à ce roman. Ce texte m’a frappé par son originalité et sa crédibilité, en la traitant avec finesse, dans le respect et avec des personnages relativement « solides ». J’ai été emportée par la relation entre Phil et River (deux hommes du même âge, ayant chacun une carrière solide dans le médical) et par la douceur très marquante qui finit par se dégager de leur couple.
Le tome 3, « Spare the rod » se base sur une forme de BDSM bien plus classique : le sado-masochisme. J’ai cependant apprécié la crédibilité qui y était apportée. Je n’ai pas souvent lu de romance qui montre le subspace, et encore moins ses conséquences et ses risques de manière aussi claire. Ici, pas de personnage traumatisé, pas de drama, pas d’horreurs familiales à surmonter. Mais ce qui a vraiment fait la différence pour moi, c’est le traitement des réseaux sociaux et de la politique. Oui, ce roman parle de militantisme, d’intersectionnalité, de politique, de guerre d’opinion, d’esprit critique, et de Twitter et ses shitstorms récurrentes. Je me suis vraiment reconnue dans certains aspects du personnage d’Avery, dans sa relation d’amour/haine avec les réseaux sociaux, dans sa maladresse militante et ses questionnements, une fois passée la prise de conscience qu’agresser le camp adverse n’est jamais la solution. Et j’ai adoré le personnage de Grey, bien plus profond et construit qu’on ne l’imagine au premier abord.
Je suis restée plus mitigée sur le dernier tome, qui est sans conteste le plus mignon et bisounours des 4. Je suppose qu’il en fallait un, et que c’est pourquoi il ne m’a guère marqué. Il aborde pourtant des problématiques intéressantes : le soin, le don d’organes, l’abnégation et la limite entre ce que l’on peut offrir aux autres et la recherche de son propre bonheur. Mais il m’a donné l’impression de rester un peu trop en surface. Peut-être un contraste trop violent avec un troisième tome très pointu et dense, et surtout qui m’a parlé bien plus profondément.