TW : maltraitance familiale, manipulation, violences sexuelles.
J’ai lu « Le sanctuaire » de Laurine Roux il y a maintenant un peu plus d’un an, et j’ai eu envie de vous en parler sans trop bien savoir comment le faire.
Ce roman a une narration extrêmement douce, lente, poétique, un peu éthérée. Pas de dialogue ou d’action dans ce texte. D’ailleurs, les paroles des personnages sont incrustées dans la narration, en italiques. C’est permis et facile, parce que presque personne ne parle. Chaque membre de cette famille est enfermé dans son silence.
Résumé :
Le sanctuaire : une zone montagneuse et isolée, dans laquelle une famille s’est réfugiée pour échapper à un virus transmis par les oiseaux et qui aurait balayé la quasi-totalité des humains. Le père y fait régner sa loi, chaque jour plus brutal et imprévisible.
Munie de son arc qui fait d’elle une chasseuse hors pair, Gemma, la plus jeune des deux filles, va peu à peu transgresser les limites du lieu. Mais ce sera pour tomber entre d’autres griffes : celles d’un vieil homme sauvage et menaçant, qui vit entouré de rapaces. Parmi eux, un aigle qui va fasciner l’enfant…
Un style à part
Le sanctuaire est raconté par la voix intérieure d’une enfant. Presque sauvage. Gemma a grandi et s’est construite dans la nature, fille favorite de son père, survivante dans l’âme, avenir utopique d’un monde détruit. Sa vie est bercée par les fredonnements et les mots doux d’une mère qui ne lui parle presque pas et ne vit plus vraiment, enfermée dans son apathie, sa solitude et sa soumission totale à l’homme de la famille.
Et il y a sa soeur, plus grande, mais un peu indigne de cette vie sauvage, souvent malheureuse de cette solitude.
Le roman raconte comment Gemma va peu à peu remettre en question l’hégémonie paternelle en suivant un oiseau. Mais ce qui semble poétique, presque une métaphore de la libération, se débat dans des marasmes malsains et de la violence larvée. C’est un texte dur, en réalité. Qui prend le contrepied de son titre, de sa couverture et de son style poétique.
Bref, un roman qui m’a mise super mal à l’aise, mais ça tombe bien, parce que je crois que c’était le but.