Vieux livres sur une étagère.
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Correction, mon amour ! Le travail de fond.

Me revoici avec la seconde partie de cet article : le travail de fond. Pour cet article, je tiens à remercier mes deux bêta-lectrices exceptionnelles qui m’ont permis de me rendre compte d’une grande partie des soucis que je vous expose ici.

Ici, les jardiniers se retrouveront sans doute plus que les architectes dans mes remarques (parce qu’il n’y a bien qu’eux pour être assez c** pour écrire une histoire sans savoir ce qu’il va s’y passer). Comme c’est mon cas, je vais pouvoir vous indiquer tous les aspects de l’histoire auxquels je n’avais pas réfléchi avant d’écrire et qui me sont retombés dessus après (tiens, prends-toi ça dans les dents).

En écriture, mon point fort, c’est plutôt la création de personnages. C’est donc là-dessus que je me suis naturellement concentrée pour mes premiers textes. En conséquence, les deux autres éléments prépondérant d’une histoire : l’univers et l’intrigue, sont souvent réduits chez moi à leur plus simple expression. Ce qui a tendance à donner des romans trop plats, sans tension et sans contexte.

Le worldbuilding (la création de monde) :

Mais cet ennemi dont la menace a déclenché toute l’histoire… c’est qui exactement ?

Le principe fondateur de la plupart des ouvrages de fantasy est la création d’un univers imaginaire dans lequel évoluent les personnages. Il est d’autant plus important d’avoir un univers solide que le lecteur ne pourra pas se baser sur quelque chose de connu. Bien sûr, le but d’un roman n’est pas d’écrire une encyclopédie sur votre monde. Beaucoup de choses ne seront pas mentionnées ou seulement suggérées au fil des pages. Mais ça ne veut pas dire que vous, auteur, ne devez pas y avoir réfléchis. Si les fondations de votre monde sont branlantes, c’est tout le roman qui manquera de crédibilité.

L’exemple le plus frappant chez moi est sans doute tout ce qui touche à la géopolitique. Oui, j’ai écris une romance, sauf que j’ai placé cette romance dans un monde en guerre… alors que je n’avais qu’une idée très vague de l’ennemi qu’ils combattaient (les raisons du conflit, le niveau technologique de chaque camp, ses effectifs, ses stratégies de base, les frontières et la diplomatie avec les autres nations…). Au point que dans ma première version, leurs ennemis n’avaient même pas de nom. Inutile de vous dire que ça a fini par se voir.

La politique est également interne. Quelque soit le rang des héros, il est important de savoir qui gouverne et comment. Royaume, empire, théocratie, démocratie ? Cette réalité inhérente à tout groupe organisé a une influence permanente sur la vie des personnages, leur degré de liberté, leurs quêtes, leur position sociale. Alors, même si le héro est un simple fermier, qui n’a jamais été fils de roi et ne deviendra jamais noble, le lecteur doit savoir qui se trouve au-dessus de lui et qui a autorité sur sa vie. C’est d’autant plus vrai dans le contexte très hiérarchisé d’un camp militaire, comme c’était le cas pour moi.

Autre élément essentiel de worldbuilding : le cadre social. Ce dernier est relié aux précédents, mais il est aussi beaucoup plus large. Comment sont organisées les familles, quelle est la place de la femme, des vieillards, des handicapés, comment se répartissent les richesses, où vit la majorité de la population, dans quelles conditions… c’est cet arrière plan indispensable qui donnera du relief à votre monde et à votre intrigue. Les origines des personnages, leurs croyances et leur culture expliquent leurs réactions autant sinon plus que leur caractère. Mes héros sont homosexuels, il était donc essentiel de comprendre comment cette particularité était vue par les autres personnages et pourquoi. Un élément qui se retrouve lié aux valeurs de la famille et à la place des femmes.

Je ne vais pas passer encore un paragraphe entier là-dessus, mais une autre chose qui doit être pensée est tout simplement la géographie et la météo. À part au pays des bisounours, il n’est pas crédible qu’il fasse beau tout le temps (ou alors, les persos vivent dans un désert et ont d’autres soucis qu’un manque de soleil).

L’intrigue :

Oui, ma romance est crédible et mes personnages attachants… mais ce n’est pas un peu trop facile tout ça ?

L’intrigue, kezako? En ce qui me concerne, c’est un prétexte pour regarder évoluer des personnages. Oui, dit comme ça, ça fait tout de suite un peu léger. Ce n’est pas forcément un soucis en soi, il est normal que certains éléments soient moins développés que d’autres en fonction du style et des préférences de l’auteur. Cependant, ce n’est pas une raison pour qu’elle passe entièrement à la trappe.

« Les gens heureux n’ont pas d’histoire. » Je n’ai pas retrouvé qui l’a dit en premier, mais l’esprit est là. S’il ne se passe rien dans un livre, même avec un univers développé et des personnages passionnants, le lecteur risque de s’ennuyer. La tension et le conflit sont ce qui fait craindre pour les héros, ce qui les pousse à se dépasser, à changer, ce qui nous attache à eux. Un roman dont l’intrigue est réduite au minimum pourra être mignon, poétique, émouvant… mais il risque aussi d’être ennuyeux. Et c’est un des points sur lesquels j’ai eu le plus de travail sur cette réécriture, car il m’a fallu rajouter un arc narratif complet afin de rajouter de la tension et de relier mes héros au contexte politique et géopolitique du monde.

Si l’intrigue est un élément qui m’a demandé beaucoup de réflexion et de travail (alors qu’elle est encore très limitée dans ce texte, je dois bien l’avouer), c’est parce qu’elle doit avant tout être crédible. Un personnage ne peut pas se retrouver sous une montagne d’emmerdes et s’en sortir d’un claquement de doigts. Une intrigue accrochera votre lecteur si elle est suffisamment tendue pour qu’il craigne pour votre personnage. Mais si la résolution est trop simple et sort de nulle part, vous risquez de le perdre. C’est pour cela que je reste généralement sur des intrigues relativement simples. Je n’ai tout simplement pas les capacités à monter une intrigue complexe qui tienne debout. Peut-être un jour ?

Les personnages :

Tes héros sont crédibles et attachants, mais leurs relations avec les autres personnages sont à peine esquissées et tes antagonistes sont caricaturaux.

Et oui, même si les personnages constituent mon point fort, il n’en reste pas moins qu’il s’agissait de mon premier texte et qu’il était loin d’être exempt de défauts sur ce point. Le premier soucis était que tous mes personnages ou presque étaient manichéens. Des alliés trop parfaits, des antagonistes stupides et méchants (oui, je me suis fait avoir par ce cliché). Quand on me demandait pourquoi tel personnage agissait ainsi, j’avais souvent envie de répondre « Parce que c’est un sale con! ». Oui, mais encore? Pourquoi c’est un sale con? Est-ce lié à son éducation, à la société, à des choses qui lui seraient arrivées? Le but n’est pas forcément de trouver des « excuses » à tous vos méchants. Les sales cons, ça existe aussi dans notre monde. Le soucis, c’est quand la nature de l’antagoniste est toujours réduite à ce même schéma simpliste.

Un autre point essentiel pour plonger dans un texte, c’est la qualité des personnages secondaires. Personnellement, j’en avais pléthore. Du coup, on les voyait deux ou trois fois, cinq ou six pour les plus importants, et ils étaient limités à un comportement de base invariable et sans saveur. Alors non, la plupart du temps, deux personnages ne suffisent pas à créer une histoire. Surtout lorsqu’ils évoluent dans un camp peuplé par une centaine de personnes. Bien entendu, il était impossible de développer tous les personnages secondaires. Il m’a fallut faire des choix. Mais les relations sociales qu’entretiennent mes héros sont bien plus crédible en les confrontant à quelques personnes avec qui ils ont une vrai relation, plutôt qu’à quinze qu’ils ne font que croiser sans que ça n’ait la moindre influence sur eux.

Enfin, un dernier point concerne spécialement la littérature young adult avec des héros adolescents. Je ne qualifierais pas forcément mon texte de young adult, en particulier parce qu’il s’agit d’une quadrilogie qui se déroule sur de nombreuses années. Cependant, mon premier tome en avait toutes les caractéristiques. En particulier celle de montrer des adolescent plus ou moins livrés à eux même sans adulte référent fiable. Dans un monde où plusieurs générations se croisent, il est fort peu crédible que des adolescents soient vraiment livrés à eux-même (sauf situation qui le justifie, bien entendu). Mais encore une fois, dans un monde militaire et hautement hiérarchisé, c’était tout simplement impossible. La conséquence, c’est que les supérieurs de mes héros passaient tous pour des buses sans autorité. Ce qui était assez problématique pour la crédibilité globale de l’univers.

Je pense avoir fait le tour des éléments prépondérants que j’ai dû retravailler pour obtenir une histoire à la fois crédible et creusée. La difficulté, une fois tous ces éléments posés, c’est de savoir jusqu’où aller dans leur exposition. Vous ne devez pas expliquer votre monde au lecteur, vous devez l’y inviter pas à pas. Ceci, c’est une chose qui se travaille non plus vraiment par le fond mais par le style. Retour à l’article précédent, la boucle est bouclée.

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