Hier, j’ai regardé « Arnaques, crimes et botanique ». Mon malaise pendant toute la première moitié du film m’a poussé à me questionner à nouveau sur ce qui me repousse tant dans les comédies (ce film n’en est pas *vraiment* une mais il en garde, à mes yeux, les schémas principaux). Et j’ai trouvé.
J’ai réussi à poser des mots et une logique sur ce ressenti très viscéral que j’ai toujours eu et qui me vaut des regards étranges quand je dis que j’ai horreur des comédies, intensément et quasiment sans exception.
Je crois que la réponse, elle est dans l’empathie. Lorsque je regarde un film, je m’identifie aux personnages. Toujours, et avec une grande intensité. Et en m’identifiant à eux, je fais miennes leurs actions et leurs émotions. Et c’est là que ça coince. Parce que la plupart des comédies sont basées sur une émotion que je trouve particulièrement difficile à gérer (peut-être la plus difficile de toutes) : la honte.
Qu’est-ce qu’une comédie, si ce n’est un personnage qui agit de manière idiote et se met lui-même dans une situation inextricable à cause de ses actes irréfléchis ? (Peut-être pas toujours, mais c’est quand même le cas de la plupart des exemples qui me viennent). Et bien ce type de scènes a un impact très violent sur moi, qui me mets tant à la place du personnage. Elle me fait ressentir de la honte. Et ceux, d’autant plus que dans une comédie, tout est fait pour dramatiser, exacerber et mettre en lumière le ridicule du personnage (depuis le contexte, l’ambiance, à l’attitude des autres personnages autour). Dans une comédie, le spectateur n’est pas supposé avoir peur que héros se fasse couper tous les doigts par mafieux en colère. Il est supposé rire de l’idiotie totale par laquelle héros s’est foutu dans cette merde noire.
Il existe divers types d’émotions, dont plusieurs qui sont loin d’être agréables. Or, chacun y réagit et les gère différemment. Je n’ai aucun souci à suivre un personnage triste ou en colère, ou même un personnage qui a mal (je sais, la douleur n’est pas vraiment une émotion, mais bon, il y a des petites similitudes quand même). Ce sont des émotions que je gère. Je ne dis pas que la tristesse est agréable à ressentir pour moi, mais elle est « gérable ».
Ce n’est pas le cas de la honte, qui est capable de me rendre physiquement malade à l’idée d’une boulette imaginaire que je n’ai peut-être même pas faite.
Voilà pourquoi les comédies, faites pour faire rire la plupart des gens, ont tendance à me rendre vaguement nauséeuse lorsque je tente de les regarder. Parce que pendant un bref instant, ce personnage qui vient de mettre sa vie en danger parce qu’il a parié tout l’argent qu’il n’avait pas sur une putain de paire de six (et sincèrement, il faut être vraiment con quand même), c’est moi.
Et voilà pourquoi il y a deux types de films que j’évite au maximum de regarder, depuis toujours, même si je n’avais jamais vraiment analysé pourquoi ils me déplaisaient : les comédies et les films d’horreur. Parce que s’il y a bien deux émotions que je ressens un peu trop souvent et qui peuvent vite prendre des proportions qui deviennent pour moi difficilement gérables, ce sont la honte et la peur (en particulier la peur qui n’a pas d’objet tangible et identifiable).
Alors je vais continuer à regarder des films d’action, des road movies, des histoires de vengeances, des films où les persos s’en prennent physiquement et mentalement plein la gueule. Parce qu’il est pour moi moins douloureux d’avoir mal pour eux, ou de pleurer pour eux, que d’avoir honte pour eux.