Me revoilà pour terminer mon retour sur le festival des Utopiales 2018 ! Vous avez déjà eu un aperçu à travers son exposition principale dans mon article précédent. Aujourd’hui, je vais vous évoquer tout le reste de ce festival qui est pour moi un inconditionnel !
Cela fait presque 10 ans que la louve traîne régulièrement son museau aux Utopiales. Mais je dois avouer que j’ai particulièrement apprécié la thématique de cette année. Si l’an dernier, avec son thème du temps, le festival était très ancré SF (et sur une thématique qui me parle assez peu, il faut l’avouer), cette année a redonné la part belle à la transversalité Science/Fiction des Utopiales !
En effet, 2018 était l’année du « Corps ». Corps humain, corps astral, corps social… un terme offrant à la fois une grande diversité de traitements et un fort ancrage dans l’actualité en recentrant sur des thématiques d’anticipation ultra-proche.
Stands et conférences sur la médecine de pointe (à travers par exemple la démonstration d’une imprimante cellulaire et des conférences sur la microfluidique), une longue cession sur le transhumanisme dont certains éléments sont déjà ancrés dans notre quotidien (prothèses de plus en plus performantes, implants connectés, tatouages luminescents…), de nombreuses tables rondes sur les corps sociaux, l’ultra-connectivité, les réseaux sociaux et leur influence sur nos comportements, les thématiques fondamentales pour moi des sexualités et des genres, la très actuelle Procréation Médicalement Assistée toujours repoussée par le gouvernement…
Sommes-nous libres de nos corps ? Sommes-nous libres de les vendre ? De les modifier ? De les offrir ? Sommes-nous libres de ne pas aimer ? Sommes-nous libres de penser, quand les réseaux sociaux caricaturent nos propos par la nécessité d’être court et incisif, jusqu’à nous ôter toute possibilité de nuance ? Sommes-nous libres d’être incognito quand notre téléphone nous géolocalise en permanence ? Autant de questions posées par les tables rondes auxquelles j’ai assistées tout au long de mes quatre jours de présence et que j’ai souvent trouvées passionnantes (vous pouvez retrouver certaines conférences filmées sur le site d’ActuSF et mes live-twitt avec le hashtag #Utopiales2018).
Avec toutes ces conférences, la louve n’a que peu pointé sa truffe dans les salles obscures cette année encore. Je note malgré tout deux très bons films :
- « Assassination nation » de Sam Levinson, Prix du public à la compétition internationale. Un film sur les réseaux sociaux, le harcèlement et la manière dont tout ça va partir en vrille en se terminant par une effroyable chasse à l’homme armée dans les rues d’une petite ville des USA. Tout ça pour une banale histoire de piratage.
- « Maquia » anime japonais de Mari Okada, reprend le très classique thème de l’être immortel condamné à voir ses proches vieillir et mourir. Sauf que cet anime émouvant détourne en partie le genre en tissant non une relation de couple mais une relation filiale (je viens de percuter que c’est quelque chose que l’on trouve déjà dans le premier film Highlander, (c’est ça d’écouter Queen en boucle depuis trois jours (devinez ce que je suis allée voir au ciné cette semaine…))).
Les Utopiales, c’est aussi se faire une pizzeria imprévue avec d’autres auteurs/trices / éditeurs/trices. C’est bien sûr l’immanquable restaurant entre grenouilles (je crois que le serveur est passé au bord du suicide). C’est se retrouver attablée par hasard avec Mélanie Fazi au bar, puis aller la voir en dédicaces le lendemain. C’est faire une heure de queue pour parler 5 minutes avec Baptiste Beaulieu et acheter son dernier livre. C’est rire avec Sabrina Calvo et se rendre à l’évidence sur le fait que non, il est impossible de résumer ses propos dans un twitt (sauf quand ça parle d’orgie). C’est s’indigner des propos d’une psychologue invitée sur la table ronde Aro/Ace/PolyA (oui, il y avait une table ronde Aro/Ace/PolyA *yeux pleins d’étoiles*), et avoir envie d’embrasser Mélanie Fazi quand elle démonte dans la minute les propos de la dite psy. C’est écouter les témoignages du public et se sentir inclue dans leurs paroles. C’est faire un brainstorm sauvage de son projet en cours, se le faire démonter en dix minutes par une connaissance, débloquer ce qui coince depuis huit mois, décider de tout réécrire depuis le début… et travailler le dit-projet en écoutant d’une oreille une conférence sur les blobs (oui, les blobs, et non, je ne savais pas que ça existait).
Bref, les Utopiales, c’est encore et toujours quatre jours hors du temps. J’ai hâte d’être à l’année prochaine !