Voilà un article qui traîne depuis trèèèèèèès longtemps dans mes brouillons (il n’était même pas en inclusif). C’est pourtant toujours d’actualité, et j’ai encore récemment participé à une discussion sur le sujet. Je le relis donc, et l’actualise un peu pour pouvoir vous le livrer.
Disclaimer : Je ne savais pas comment illustrer cet article. Du coup, j’ai décidé de vous mettre des photos d’oiseaux (c’est pour vous attirer sur l’atelier perché, mon forum de bêta-lecture). Bonus : toutes les images viennent de ma photothèque personnelle (car oui, je me suis vraiment remise à la photo) !
La bêta-lecture, pourquoi ?
Comme toujours, commençons par les définitions. Qu’est-ce qu’une bêta-lecture (ou BL) ? Il s’agit d’une relecture critique d’un texte, effectuée dans le but de l’améliorer. Une étape le plus souvent réalisée avant l’envoi du manuscrit aux éditeurices (ou avant auto-édition), par des bénévoles ou des professionnels. L’objectif : décortiquer l’œuvre et aider l’auteurice à voir ce qui pose problème dedans. Il peut s’agir de défauts de style récurrents, d’un problème dans la cohérence des personnages, la logique de l’intrigue ou la construction de l’univers. Parfois, la bêta-lecture pointe de petites choses faciles à corriger (rajouter des descriptions, mieux séparer les voix de deux personnages, etc…) et parfois elle est si dense que le seul moyen de rendre le texte « lisible » est de le réécrire entièrement.
C’est ce qu’il m’est arrivé sur mon premier roman. J’avais écrit un texte de fantasy avec la naïveté et l’enthousiasme d’une débutante et tout était à refaire : les personnages secondaires étaient clichés, l’univers d’un classicisme caricatural, l’intrigue insipide et la narration plate et sans aucun ressenti. Autant dire que la réception de ma première « alpha-lecture » (petit nom parfois donné à une bêta-lecture de fond sur un roman complet) n’a pas été facile à avaler avec ses 16 pages de démontage en règle.
Pourtant, cette bêta-lecture a changé pour toujours ma manière d’écrire. Aujourd’hui, je ne conçois plus de travailler seule et de ne pas faire relire mes textes. Envoyer son roman en bêta-lecture, c’est pour moi une étape indispensable lorsque l’on est auteurice. En particulier lorsque l’on débute. Comme pour toute discipline, il nous faut un regard extérieur pour pointer nos défauts et apprendre à les corriger.
La bêta-lecture, comment ?
Et pourtant, cette première bêta-lecture m’a fait douter. Moi qui suis parfois trop naïve et trop influençable, comment savoir si les défauts pointés étaient de vrais défauts à corriger et pas juste les goûts de quelques lecteurs ? Comment savoir si, en réalisant leurs corrections, je n’allais pas dénaturer mon oeuvre, changer mon message et perdre de vue ce que je souhaitais vraiment raconter ? Je crois que tout le monde se pose la question, à ses débuts. Alors, comment savoir si la bêta-lecture sera bénéfique au texte ?
Je pense que la première réponse est de savoir choisir ses bêta-lecteurices. On n’analyse pas une romance comme on analyse un triller, et je serais bien incapable de bêta-lire un roman humoristique parce que je déteste ça. Des bêta-lecteurrices habitués au genre dans lequel on écrit, donc. Habitués à décortiquer les textes également, et à expliquer leur ressenti de manière posée et factuelle. Bien sûr, devenir bêta-lecteurice s’apprend et il faut bien commencer quelque part. Les forums d’écriture sont pour cela une bonne école.
Second point : il vaut mieux avoir plusieurs bêta-lecteurices. Pour moi, l’idéal c’est 3. Si un seul pointe quelque chose, c’est subjectif. Si les trois pointent la même chose, ça veut dire qu’iels ont raison. Attention, je ne dis pas qu’iels ont raison sur leur interprétation ou leurs éventuelles suggestions de re-travail. Mais c’est la preuve, à minima, que ce que vous essayez de faire n’a pas été compris, et qu’il faut donc le retravailler. Pas forcément de la manière dont iels le pointent, mais de manière à mieux faire comprendre et ressortir ce que vous voulez pour votre texte.
On écrit pour être lu. Qui voudrait publier un roman qui serait mal compris par 90% de ses lecteurices ?