Cela fait plusieurs années que ce blog existe, pourtant je ne vous y ai jamais vraiment parlé du métier d’auteur et de tout ce qui tourne autour de nos droits et de nos actualités. Pourquoi ? Parce que c’est un sujet complexe, très changeant, et surtout que d’autres le font beaucoup mieux que moi ! (ligue des auteurs professionnels, Samantha Bailly, etc…)
Mais aujourd’hui, quelque chose a changé dans le monde politique au sujet du métier d’artiste-auteur. Le rapport Racine, après des mois d’attentes, vient d’être publié. (téléchargeable ici)
Alors certes, ce n’est qu’un rapport de situation. Concrètement et présentement, cela ne change rien. Ou pas encore. Pour que ce rapport ait une influence sur nos vies et notre métier, il faut qu’il soit pris en compte par les politiques. Une utopie ? Peut-être, peut-être pas.
Ce qui est sûr, c’est que plus les gens auront connaissance du contenu de ce rapport, plus ils en parleront autour d’eux, et moins il y aura de chances qu’il soit tout bonnement et simplement enterré comme le petit dossier dérangeant qu’il est.
C’est un vrai changement de paradigme. Aujourd’hui, ce n’est plus aux artistes-auteurs d’avoir à prouver la réalité de beaucoup de leurs problèmes. Ces problèmes sont enfin actés par une mission indépendante et experte.
Ligue des auteurs professionnels
Quand je parle avec des gens en dehors du monde de l’écriture et que je leur explique les conditions de publication et de vente de mes romans, la plupart sont incrédules et horrifiés. Le grand public n’a aucune idée de la manière dont les auteurs sont exploités par le système. Des droits d’auteurs minuscules, un unique versement annuel, l’inconnue totale du nombre de romans vendus jusqu’à ce fameux versement, un bordel sans nom au sujet des cotisations sociales…
— Ça fait presque un an que ton roman est sorti, il a bien marché ?
Conversation réelle
— Aucune idée. Je le saurais d’ici 2 ou 3 mois.
— Mais, tu en as vendu combien ?
— Aucune idée (bis).
— Même à peu près ?
— Bah… non.
J’ai vu dernièrement le très bon film « Les quatre filles du Dr March ». À la fin de ce film, on voit Jo négocier ses droits pour la publication d’un roman jeunesse par un éditeur. Son pourcentage ? À peu près le même que reçoivent les auteurs de roman jeunesse aujourd’hui, la cession de droits en moins (donc, un contrat bien plus avantageux). À une différence près. Le roman de Jo a été imprimé à l’unité, relié à la main avec une couverture de cuir décoré à la feuille d’or. Combien coûtait la fabrication d’un seul de ces livres à l’époque ? Combien coûte une impression aujourd’hui ? Bien sûr, je ne sais pas combien étaient vendu ces ouvrages, ni si les chiffres du film ont la moindre véracité historique. Mais j’ai un peu eu, dans cette très belle scène, le sentiment de me faire avoir.
Les lecteurs ont commencé à le réaliser suite au dernier Salon Livre Paris. Il faut continuer à les mettre au courant, parce que nous avons besoin du soutien de leur nombre pour être reconnus comme de vrais professionnels.
Alors, non. Je ne vais pas décortiquer ici le rapport Racine. Parce qu’encore une fois, des gens beaucoup plus compétents que moi l’ont déjà fait (ActuaLitté, ligue des auteurs professionnels, Samantha Bailly) et vous en exposeront les tenants et aboutissants avec bien plus de clarté et de concision. Ce que je vous demande, c’est d’aller voir ce qu’ils en disent et de le partager aux quatre vents. Parce que c’est notre meilleure chance d’être enfin reconnus comme les professionnels que nous sommes.