Aujourd’hui, je vais vous parler d’une maison d’édition un peu particulière et de leur premier roman que j’ai acheté par curiosité : Face au dragon de Isabelle Bauthian.
Face au dragon
Si j’ai acheté Face au dragon, c’est plus par curiosité et soutien envers cette nouvelle maison d’édition que pour le roman en lui-même. Bien sûr, je ne l’aurais pas fait si je n’avais pas été intriguée par le résumé et la couverture, mais Face au dragon, c’est de la portal-fantasy et du jeunesse / young adult, ce qui n’est pas vraiment mon genre de prédilection. Alors j’avais très peur d’être déçue. Bonne nouvelle, j’ai plutôt apprécié ma lecture !
Malgré la jeunesse des personnages, je me suis laissé prendre par cette petite communauté perdue sur une île. Elle est organisée, cohérente, et présente une belle diversité de personnages, de compétences et de caractères. Elle n’est pas exempte de tensions ou de conflits stupides, mais la survie reste leur objectif principal.
Polyxène est l’unique narratrice, et j’ai été frustrée de ne pas avoir les points de vue de ses compagnons. D’autant qu’elle peut parfois se montrer très agaçante (mais c’est une ado, je suppose que ça fait partie du contrat de base). Et j’aurais du mal à lui reprocher son manque de maturité, car c’est parfaitement logique qu’elle soit de très loin la plus « gamine » du lot. Heureusement, voir les autres de l’extérieur n’empêche pas de s’attacher sincèrement à chacun d’eux.
Concernant l’intrigue, j’ai vu certains éléments bien à l’avance, j’ai été surprise par quelques autres, et j’ai apprécié les révélations successives. Même si j’ai trouvé que certains aspects manquaient de développement, ça ne m’a pas vraiment surpris parce que c’est le jeu du Young adult. J’ai par contre été plutôt déçue par la fin. L’autrice profite des derniers chapitres pour revenir sur le background des différents personnages. C’est bien trop tard pour moi. J’aurais préféré lire ces passages au fil du roman, et laisser le texte se clôturer d’une manière plus fluide, qui ne casse pas la dynamique.
Projets Sillex
Si je souhaitais vous parler de cette maison d’édition, c’est parce que je trouve son concept à la fois innovant et respectueux des auteurs et autrices, à une époque où il est de plus en plus compliqué de vivre de l’écriture.
Ce que j’ai compris de Projet Sillex, c’est qu’il s’agit d’une maison d’édition sans diffuseur, ni distributeur. Un choix qui leur permet d’assurer des droits d’auteurs élevés. Et pour que ce droit d’auteur se traduise vraiment par une rémunération correcte (car le DA n’est jamais qu’un pourcentage, et un pourcentage élevé de rien, ça ne donne toujours pas grand-chose), ils allient cela à un système de précommande via une plateforme de financement participatif. Pas d’arnaque, les prix proposés sont corrects et les participants reçoivent le livre et d’éventuelles autres rétributions selon leur participation.
Un projet viable ? Difficile à dire. Étant donné le seuil fixé pour la sortie de chaque texte, c’est un pari de réunir autant de lecteurs en si peu de temps. Pas de place à un texte qui ne ferait « que » quelques ventes. En cas d’échec de la campagne, tout est perdu pour la maison d’édition : le travail, les heures passées, les investissements (couverture, correction, etc…). L’auteur ou l’autrice récupère ses droits et peut retenter ailleurs. Et si j’imagine bien l’impact moral de ce type d’échec pour un·e auteur·ice, est-ce vraiment pire que de découvrir que son roman publié de manière traditionnelle a fait 40 ventes sur l’année ?
De mon point de vue extérieur, cela rend Projet Sillex d’autant plus fragile. C’est pourquoi j’ai l’intention de suivre de près leurs sorties. Hors de question d’acheter un livre qui ne me tenterait pas, mais leur second projet est bien plus dans mon style que le premier. J’ai hâte de recevoir Madharva de Mathieu Rivero sur ma liseuse !