Me voilà de retour pour un nouvel article ! Je pensais à un sujet sérieux, comme une étude des points de vue et de la narration mais… n’arrivant pas à me motiver pour le moment, j’ai décidé de vous parler d’un truc plus fun, qui occupe déjà pas mal de mon temps : l’écriture à 4 mains ! Vous en avez déjà entendu parler ?
Quatre mains, ça veut dire deux auteurs, deux univers, deux styles, deux visions… mais un seul texte ! Commençons par un tour d’horizon des possibilités !
Les quatre mains, comment ça marche ?
Tout d’abord, comme souvent en écriture, pas de recette miracle. Il y a autant de façon d’écrire à quatre mains qu’il y a de duos d’auteurs qui s’essayent à l’exercice. Et si l’on peut considérer que le véritable quatre mains consiste à tout créer ensemble, de l’univers au roman terminé, cette option reste très probablement minoritaire de par la complexité de sa mise en oeuvre. Car s’il est relativement aisé de discuter des règles d’un univers inventé, il est déjà plus difficile d’interpréter de la même manière le caractère d’un personnage et presque impossible d’avoir un style d’écriture absolument identique.
De l’autre côté de l’échelle, on trouve des quatre mains beaucoup plus « dissociés », où les auteurs ont des rôles très différents. C’est notamment ce qui peut se faire dans d’autres style narratifs, comme par exemple la BD où il y a souvent un scénariste et un dessinateur. De la même manière, un roman peut être « scénarisé » par un auteur et rédigé par un autre.
Et au milieu de tout cela, il y a les intermédiaires. Des romans qui sont effectivement scénarisés et rédigés par deux auteurs qui travaillent en symbiose, mais en se partageant la narration. La manière la plus simple, et sans doute la plus courante de procéder, est de se partager les personnages principaux. Ainsi, lorsque le roman est écrit en focalisation interne multiple, donc raconté successivement par plusieurs personnages, le style général de l’écriture s’efface derrière les « voix » des personnages qui devraient permettre au lecteur d’identifier en une ligne celui qui raconte (grâce à son phrasé, son niveau de langue, sa manière de réfléchir ou de voir le monde, les champs lexicaux utilisés…). Ainsi, deux auteurs avec des styles pas tout à fait identiques peuvent se partager l’écriture, chacun d’eux « incarnant » un personnage, à tour de rôle.
Un quatre mains particulier : le cross-over
Avez-vous déjà lu des cross-over ? Vous savez, ces textes où vos héros préférés rencontrent d’autres héros tirés d’autres textes (les Avengers sont un bon exemple!). Eh bien, le cross-over est une catégorie de texte à quatre mains, lorsque les personnages appartiennent à des auteurs différents, et qu’ils sont rédigés par leurs auteurs respectifs, bien sûr.
Mais le cross-over a cela de particulier que ni l’univers ni les personnages ne sont réfléchis en commun par les deux auteurs. Cela veut dire un travail d’adaptation et de compromis parfois plus important que pour un quatre mains traditionnel, mais aussi une plus grande méconnaissance d’une partie des éléments de l’histoire par les auteurs. Ce type de quatre mains est le seul sur lequel j’ai travaillé pour le moment, le seul dont je connais le fonctionnement, donc. Et encore une fois, il peut être différent en fonction du texte travaillé ou de l’auteur qui partage votre plume. Je le sais, car j’ai réalisé des cross-over avec trois personnes différentes et pas mal de mondes et de persos !
Le premier soucis, en particulier quand on travaille en SFFF, c’est la cohérence des univers. Magie/pas magie, technologie, planète… parfois, les univers des textes que l’on veut faire cohabiter ne sont tout simplement pas compatibles. Eh bien soit, si l’on est motivés et que l’on fait fit d’une trop grande crédibilité (après-tout, c’est pour s’amuser), il est possible de faire beaucoup de choses ! Et alors, tous les moyens sont bons pour expliquer cette convergence d’univers : portails magiques, voyages dans le temps, passerelle spatiale… le tout est de garder une cohérence des réactions des personnages face à ces évènements. Pour ça, mieux vaut quand même avoir des persos un peu ouvert d’esprit !
Viennent ensuite les personnages, pas les nôtres mais les « autres », ceux qu’on aime assez pour vouloir les intégrer à notre histoire, mais qu’on ne connait pas assez pour deviner finement leurs réactions. C’est là que la collaboration commence. Échanges de mails, discussions instantanées (vive les chat-box privées), permettent de décrire les réactions et expressions des différents personnages. Et pour les dialogues, je n’ai encore jamais tenté autrement que de l’écrire en « live », à savoir, chaque auteur répond à la place de son personnage dans un jeu d’improvisation d’écriture qui a quelque chose d’absolument fascinant et excitant, car la scène évolue non pas en fonction de nos persos, mais aussi en fonction de persos dont on ne prévoit pas du tout les réactions !
Et ainsi, nos personnages vont cohabiter, se détester ou s’adorer ! Une issue qu’il est parfois possible de prévoir… ou pas. Car pour les jardiniers que nous sommes (moi et mes co-autrices en tout cas) ce sont toujours les personnages qui décident. C’est ainsi qu’une aventure peut se terminer prématurément (Non, je veux plus jamais les revoir!) ou au contraire, qu’un évènement ponctuel peut devenir une amitié de trente ans solide comme le roc ! Au point que les personnages de l’autre finissent par s’inviter en guest-star dans nos propres univers. Et comme mon héro, je crois que je ne sais pas leur dire non… parce que moi aussi, je les aime !
Et vous, comment écrivez-vous à quatre mains ? Envie de raconter vos expériences, bonnes ou mauvaises, de partager d’autres manières de se répartir l’écriture, d’autres visions de cet art collaboratif ? N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires !
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C’est un sujet qui me fait beaucoup réfléchir depuis quelques mois. J’ai fait du RP par forum et par mail (où on se partage des personnages), mais j’hésite à me lancer dans un projet plus littéraire. Malheureusement, j’ai peur d’avoir du mal à trouver un rythme d’écriture commun avec une autre personne.
Oui, trouver l’organisation pour faire ça sérieusement n’est pas évident. Tu as déjà quelqu’un en vu ou pas? Personnellement, quand ça s’est fait pour moi, c’était toujours avec une personne que je connaissais déjà et dont j’appréciais le style. Je pense que c’est plus facile de trouver un terrain d’entente, de se poser pour bosser ensemble quand on se connait un minimum, qu’on se fait confiance, parce que c’est un gros investissement en temps et en énergie, surtout pour un roman.