[TW : viol et relations non consensuelles]
Tout d’abord, qu’est-ce que la dark-romance ? Il existe plusieurs définitions. La plus large inclut les romances évoquant des traumatismes ou des violences. C’est à ce titre que mon roman à paraître Prison Putsh peut s’inclure dans cette mouvance.
Mais la dark romance dont je voudrais vous parler aujourd’hui, c’est celle qui correspond à la définition restreinte : une romance « interdite » traitant d’une histoire légalement ou moralement condamnable. En général, une romance débutant sur une relation malsaine, un viol ou un kidnapping… et qui se termine façon romance classique, avec une relation équilibrée voire bisounours. Oui, moi aussi je vois l’énorme problème qu’il y a là-dedans.
La dark romance est donc un genre qui joue sur le passage d’une relation abusive à une histoire d’amour véritable. Et cela pose un énorme souci : la romantisation du viol, des violences et des maltraitances. Dans un monde où ces actes sont encore trop souvent banalisés et où trop de femmes en sont victimes, présenter des relations abusives comme étant un début « acceptable » d’histoire d’amour est dangereux lorsque l’on sait le nombre d’adolescents garçons ou filles qui lisent ces textes.
Or, si cette romantisation est quasi systématique dans ces ouvrages, c’est parce que beaucoup de romans ne trouvent pas d’autre moyen de se tirer de ce paradoxe. Car, comment admettre que quelqu’un dont on a piétiné la liberté, la sécurité physique et le consentement puisse sincèrement et sainement s’éprendre de la personne qui l’a détruite ? Sauf bien sûr à considérer que le viol n’est au fond « pas si grave ». Et on tombe alors sur le second problème de ces textes : ils sont souvent profondément incohérents. Car si j’écarte le syndrôme de Stockholm et les relations abusives (qui ne constituent donc pas des romances « sincères et saines »), il ne reste plus énormément de réponses pour permettre le développement d’une romance.
Pour autant, il m’arrive de tenter des romans dans ce genre. Parce que, parfois, la thématique est traitée correctement. C’est à dire, avec une évolution cohérente des personnages et une histoire qui se termine véritablement sur une relation saine sans qu’il y ait eu banalisation. Comment ? En ne glissant pas le viol sous le tapis et en ne le justifiant pas. Il y a alors, parfois, une prise de conscience partagée par les deux protagonistes, un regret sincère et un pardon.
Loin de moi l’idée qu’il est normal ou même « sain » de pardonner à quelqu’un qui nous a fait du mal. Mais je considère que le cheminement reste possible. Et lorsqu’il est correctement réalisé, je trouve intéressant de lire cette énorme évolution de chacun des personnages. C’est vraiment une gageure de la rendre crédible.
Une « bonne » dark romance, c’est donc pour moi un roman parfois malsain, oppressant, mais surtout psychologique. Un roman qui creuse les deux protagonistes et les confronte aux limites de leur acceptation et de leur moralité. Un énorme défi à écrire, et à trouver.
Si, vous aussi, vous souhaitez découvrir ce genre avec un roman « crédible » (ou du moins, le plus crédible que j’ai trouvé jusqu’à maintenant), je vous conseille de tenter Bad things de Varian Krylov. Cette histoire n’est pas parfaite, mais elle s’approche au plus près de ce que je considère comme une dark romance réussie.
Résumé « maison » (le « vrai » est beaucoup trop long à mon goût, vous le trouverez sur les sites de vente):
Xavier est un homme dangereux qui n’a pas peur de se salir les mains. Alors, quand il entend parler d’un trafic d’êtres humains, il n’hésite pas à s’infiltrer au sein de l’organisation criminelle afin de les démasquer. Et quel meilleur moyen pour cela que d’emprisonner l’un de leurs hommes et d’en faire « son jouet ». Le soucis, c’est que Carson est loin d’être aussi impliqué qu’il n’en a l’air. Et lorsque sa victime se révèle innocente, Xavier va bien être obligé de regarder en face ce qu’il lui a fait, en bien comme en mal.