Cette décision, j’ai mis longtemps à la prendre. De par mon éducation, j’ai craint le côté indélébile, l’altération de mon corps. Il m’a fallu des années pour relativiser cette crainte. Mais aujourd’hui, je vois les marques qui s’accumulent, je connais et accepte mes faiblesses et mes limites. En bref, je réalise à quel point mon corps est de base imparfait et le sera de plus en plus.
C’est pour ça que je m’apprête à le changer. De tout ce qui déforme ma peau et ma silhouette, un tatouage est la seule chose que je peux choisir. Et c’est pour moi un moyen supplémentaire d’habiter et de revendiquer ce corps qui m’a été donné.
Que peut-on faire de plus essentiel à notre enveloppe charnelle, faillible et périssable, que de la métamorphoser en une oeuvre d’art éphémère qui ne nous survivra pas ? (Oui, aujourd’hui je donne dans le lyrisme. Sorry, not sorry.)
Alors par mes mots et à travers l’interprétation et la sensibilité artistique d’un autre, je revendique enfin mon corps en y imprimant mon identité.